Burn-out pour Lady Macbeth de Mzensk

Lady Macbeth de Mzensk

Opéra de Lyon

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Parfois controversé, le metteur en scène Dmitri Tcherniakov présente à l'opéra sa relecture de Lady Macbeth de Mzensk, de Chostakovitch. Réussie.

C'est avec impatience que l'on attendait de voir, pour la première fois sur la scène lyonnaise, une mise en scène de Dmitri Tcherniakov. Artiste controversé, il est surtout connu pour ses relectures très radicales des œuvres, ayant même fait l'actualité à l'automne dernier après que la justice française ait interdit la diffusion de son Dialogue des Carmélites sorti en DVD.
Pour ce Lady Macbeth de Mzensk de Chostakovitch, Tcherniakov privilégie l'introspection psychologique. Le décor colle à l'histoire : une entreprise, un open space, des néons grésillants et au milieu, une alcôve aux murs recouverts de tapis orientaux. La froideur de toute la scène contraste singulièrement avec le carmin chaud de cette niche. Lieu dans lequel Katerina se lamente, se protège ou cache sa passion pour son amant, Sergueï ; un refuge qui l'isole de la violence physique des ouvriers, du harcèlement sexuel de son beau-père ou de la pression sociale de son petit patron de mari.
Réalité ? Cette alcôve n'est-elle pas plutôt l'espace inconscient où Katerina imagine tuer son mari, son beau-père, épouser Sergueï et connaître le bonheur ?

Lady Ausrine Stundyte

Changement de décor quand Katerina est condamnée : une cellule carrée, immergée dans le noir profond de toute la scène. C'est le burn-out. Le chœur invisible distille son chant comme des petites voix venues de nulle part. Katerina médite seule, coupée du monde...
Sans bousculer complètement l’œuvre, Tcherniakov l'actualise, s'interroge sur cette violence psychologique ou physique qui s'installe lentement dans les relations sociales et professionnelles du monde contemporain.
Si aucun des artistes sur scène ne démérite, en particulier Vladimir Ognovenko dans le rôle du beau-père, il faut saluer l'interprétation d'Ausrine Stundyte. Entièrement habitée par son rôle de Katerina, tour à tour froide ou entièrement dévouée à son amant, de manière quasi mystique, elle nous offre des nuances vocales absolument magnifiques.
C'est plutôt vers la fosse que se dirigent nos regrets avec une direction de Kazushi Ono qui par moment mériterait des tempi plus soutenus et plus vifs. Le chœur de l'opéra de Lyon, lui, est toujours aussi incroyable et, selon un ami russe, possède une très bonne diction ; détail que seuls les russophones apprécieront. YANNICK MUR

Lady Macbeth de Mzensk
À l’Opéra de Lyon ​jusqu’au 6 février

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