Baptiste W. Hamon et sa chanson de pays

Les nuits givrées

L'Aqueduc

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Aux Nuits Givrées à Dardilly, se produira une étrange créature de la scène folk française : Baptiste W. Hamon ; genre de Townes Van Zandt chantant dans la langue de Barbara une country 100% Americana aux accents made in France. Stéphane Duchêne

D'usage, les countrymen portent des casquettes siglées de marques d'outillage, de bières, ou de tout ce qui fait signe d'Americana. Baptiste W. Hamon porte bien une casquette de ce genre. Mais dessus, il est inscrit chablis, ce fameux vin de l'Yonne tant célébré par Guy Roux. Cela suffit à symboliser l'univers de Baptiste W. Hamon, celui d'une country, en français, qui sent davantage le chablis que le bourbon de Virginie.

C'est pourtant par l'anglais que Baptiste a commencé d'assumer son amour de l'Americana, avec le groupe Texas in Paris. Avant de s'apercevoir que ce français qui lui servait à noircir depuis longtemps des cahiers de poésie n'était pas antinomique avec un genre qui consiste à raconter des histoires, souvent intimes, même quand il s'agit d'évoquer les autres. Ce choix radical, si difficile voire impossible à faire pour nombre de ses congénères, est chez lui un non-choix parce qu'il est évidence.

Hamon ne cherche ni à gommer ses aspirations américaines (il a d'ailleurs joué au festival SXSW et enregistré au Texas), ni ses réflexes de chanteur français. Jamais il ne s'agit de franciser un folklore américain, encore moins d'épicer à la sauce US la chanson française : son chant évoque autant Townes Van Zandt, son idole, que Leonard Cohen ou George Moustaki, Jean Ferrat, Reggiani. À un bluegrass parfois antique répond un phrasé de chanson réaliste.

Townes Van Brel

Tout est si bien entremêlé qu'en écoutant Hamon, on finit comme dans ce sketch de Raymond Devos zappant entre les films Thérèse et Emmanuelle, par voir la tête de Brel sur le corps de Van Zandt - ou l'inverse (sur Joséphine, magnifique extrait de son nouvel album qui doit autant à la rythmique country qu'aux enfièvrements du grand Belge). Baptiste W. Hamon est l'enfant légitime de deux traditions et c'est comme s'il chantait avec mélancolie devant la photo du mariage improbable de ces deux aïeux disparus.

Car à l'image de son EP hommage à Alan Seeger et à son propre grand père, combattants de la Grande Guerre (La Ballade d'Alan Seeger), qu'elles soient dépouillées ou richement arrangées comme on savait le faire au Grand Ole Opry ou chez les Carpentier, les chansons d'Hamon sont la plupart du temps déchirantes (Peut-être que nous serions heureux, Terpsichore, Les Bords de l'Yonne) et toujours à hauteur d'Homme. On ne se demande jamais pourquoi les countrymen portent toujours un chapeau ou casquette, qui leur cache leur ciel : c'est pour ne pas voir au-dessus des gens et pouvoir parler du monde au ras.

Baptiste W. Hamon (1ère partie de la Grande Sophie)
À L'Aqueduc samedi 6 février

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