Le mentir-vrai à la Villa Gillet

Le génie du mensonge

Villa Gillet

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La romancière Camille Laurens et le philosophe François Noudelmann se retrouvent autour d'une table pour débattre du mensonge... Et nous inviter à en déceler les potentialités créatives. Mais pourra-t-on les croire ?

Si quelqu'un vient à vous affirmer « je mens », vous vous retrouvez dans une véritable "purée" logique. Car si c'est vrai, alors c'est faux. Si c'est faux, alors c'est vrai. Depuis l'Antiquité, ce genre de paradoxe agite les méninges des philosophes, avant même que le mensonge ne devienne par la suite un problème moral.

Dans son dernier livre (Le Génie du mensonge, aux éditions Max Milo), le philosophe François Noudelmann n'aborde le mensonge ni sous l'angle logique, ni sous l'angle moral, mais à travers un prisme plus "psychologique". Il extrait de l'histoire de la philosophie les contradictions apparentes entre les idées d'un penseur et la "réalité" de son existence.

Qu'un Rousseau écrive un grand traité sur l'éducation (L'Émile) au moment même où il abandonne ses cinq enfants, qu'un Sartre concocte l'idée d'engagement après la période d'Occupation qu'il a vécue plutôt peinard, qu'une Simone de Beauvoir écrive les fondamentaux du féminisme dans Le Deuxième sexe alors qu'elle adresse concomitamment à son amant ses fantasmes de jouissance servile, ou qu'un Deleuze se fasse le chantre du nomadisme alors qu'il déteste les voyages, ça fait pour le moins désordre !

Aimer comme un arracheur de dents

« Ce décalage, écrit François Noudelmann, nous semble une contradiction, un paradoxe ou encore un mensonge. Si nous suspendons notre esprit logique et notre jugement moral, il montre surtout les solutions psychiques inventées par un auteur. Plutôt que de pointer une erreur de raisonnement ou de condamner l'hypocrisie d'un penseur qui mène une vie contraire à ce qu'il professe, nous découvrons le génie du mensonge entendu comme un discours pétri d'angoisses et de désirs, de folles représentations de soi, de fuites et de métamorphoses ».

Le "mensonge" devient alors plutôt une invention ou une création de soi. Tout comme il l'est dans le petit roman très réussi de Camille Laurens, Celle que vous croyez paru récemment chez Gallimard. Claire, quarante-huit ans, s'invente un double imaginaire sous la forme d'un faux profil Facebook où elle se rajeunit de vingt-quatre ans, pour séduire Chris. Et, à travers ce mensonge ou cette "fiction", rejoint une certaine vérité : « L'amour, c'est vivre dans l'imagination de quelqu'un. Une fiction oui. Et alors ? Être aimée, c'est devenir une héroïne. L'amour, c'est un roman que quelqu'un écrit sur vous. Et réciproquement. Il faut que ce soit réciproque, sinon c'est l'enfer ». CQFD. JED

Le génie du mensonge, avec Camille Laurens et François Noudelmann
À la Villa Gillet le 10 mars

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