¡Hola cine! Les Reflets du cinéma ibérique et latino-américain

Sous la houlette de leur directeur Laurent Hugues, les Reflets villeurbannais sont devenus une indispensable passerelle entre les cinémas latins et le public français. Et un passage obligé pour les cinéastes de référence.

Qu’est-ce qui a présidé au choix du film d’ouverture, Hablar de Joaquín Oristrell ?
Laurent Hugues : On voulait à la fois commencer par la compétition et un film ibérique — puisque nous faisons cette année un focus sur l’Espagne. Hablar s’est imposé par son parti pris artistique : il s’agit d’un faux plan-séquence dans une rue historique de Madrid, sur 300 mètres, permettant de croiser une vingtaine de petites histoires. C’est un cri d’alarme militant que lance Oristrell, qui a tourné ce film avec des amis. Certains ont complètement improvisé sur la trame préétablie. Hablar dresse un portrait de l’Espagne d’aujourd’hui par la parole, l’échange, dans une rue où Podemos est bien implanté. Et il défend les couleurs espagnoles dans la compétition.

Il n’y a qu’un seul film en lice par pays ?
Pour éviter la surreprésentation, oui. Avec l’Espagne, cela aurait été facile de faire concourir trois films. Notre engagement étant que les films soumis au choix du public soient inédits, ou que leur distribution en France ne soit pas prévue pour l’instant. C’est une manière de porter un éclairage sur ces œuvres, de les signaler auprès des distributeurs et du public français. L’an dernier, Conducta (devenu Chala, une enfance cubaine) a été plébiscité aux Reflets, puis à Grenoble. Bodega s’est placé dessus et il vient de sortir sur les écrans.

Les Reflets ont donc choisi d’endosser un rôle dynamique dans la diffusion de ce cinéma…
Le festival a gagné ses lettres de noblesse, alors on est de plus en plus sollicité. Toute l’année, les distributeurs spécialisés nous envoient leur line-up. Quand on demande un film en avant-première, on n’a jamais de refus. Ils savent que l’on s’investit, que l’on s’engage à passer les films dans de très bonnes conditions, à les faire connaître auprès des autres festivals et à organiser des circulations de copies avec Grenoble, Dole, Chambéry, Valence… On fait venir les réalisateurs ; nous sommes parfois les premiers à rédiger des articles sur les films inédits dans notre journal. Cela, on l’a acquis depuis Tesis de Amenábar : c’est par les festivals, où son film a été projeté, et grâce au bouche à oreille, que ce jeune réalisateur espagnol a été remarqué.

Qui réalise les sous-titrages lorsque les films sont inédits ?
Le plus souvent, les distributeurs. Mais cette année, pour deux d’entre eux, Neon Bull et Mariposa, la copie VOST n’existait pas. Avec la société Lumières numériques, on a donc sous-titré des DCP, qui feront le tour des festivals, confortant notre position de “facilitateurs“.

Avec autant de nouveautés, la part des reprises se trouve de facto réduite.
Sur les 44 films de la programmation, nous n’en présentons que neuf, choisies dans des sorties peu éloignées du festival (comme El Clan) ou peu exploitées sur la place de Lyon.

Le fait de n’avoir qu’une seule salle au Zola n’y est pas étranger…
Les Reflets attirent 13 000 spectateurs au Zola et dans nos salles partenaires. Cette année, il y aura dix séances délocalisées dans ces lieux associés, qui sont force de proposition — comme le Toboggan de Décines et sa soirée incluse dans Les Écrans du Doc. Mais on touche là du doigt notre problème majeur : trouver une seconde salle, que l’on veut villeurbannaise et permanente, ne serait-ce que pour ajouter dix ou vingt séances supplémentaires — on va vivre une première expérience avec la MJC de Villeurbanne. En 2016, on aurait pu proposer encore quatre ou cinq avant-premières et au moins une dizaine d’inédits, mais la programmation était bouclée… La possibilité existe de donner une dimension supplémentaire au festival.

C’est dans cette optique que vous accordez davantage de place aux cinéastes ?
On a de plus en plus envie de multiplier les rencontres. Il est impossible aujourd’hui de livrer un film aux spectateurs dans une logique de pure consommation : le public demande à échanger avec les réalisateurs. Comme cette année nous accueillons Julio Medem, un cinéaste reconnu qui a marqué l’histoire du festival — on le suit depuis ses débuts — et du cinéma espagnol de ces vingt dernières années, on a mis en place une masterclass, proposée et animée par Christophe Chabert (NDLR : ancien journaliste du Petit Bulletin). Lorsque l’on a un invité de cette envergure, c’est un bonheur de pouvoir le partager de cette manière.

À quand la venue de Álex de la Iglesia, dont vous aviez programmé Balada triste de trompeta pour l’ouverture en 2011 ?
(sourire) C’est compliqué… mais on y arrivera !

Propos recueillis par Vincent Raymond

32e Reflets du cinéma ibérique et latino-américain
Au Cinéma Le Zola du 9 au 23 mars
www.lesreflets-cinema.com

Repères

Vendredi 11 à 21h au Zola : Truman, une comédie de Cesc Gay sur la fin de vie, avec Ricardo Darín et Javier Cámara

Samedi 12 à 15h au MLIS de Villeurbanne : Masterclass avec Julio Medem. Échange avec le réalisateur de Lucia y el Sexo, Les Amants du Cercle polaire et Ma Ma

Dimanche 13 à 21h au Zola : Avant-première de Ma Ma de Julio Medem, en sa présence (Penelope Cruz n'est pas annoncée)

Lundi 14 à 16h30 au Zola : Ixcanul - Volcan, le film guatémaltèque qui a fait beaucoup parler de lui à l’automne : dernière occasion pour vous faire votre avis

Dimanche 20 à 16h30 au Toboggan : Ciné-Concert, hommage à Segundo de Chomon, le Méliès espagnol

Mercredi 23, double clôture : à 21h au Zola Un monstre à mille tête, avant-première du nouveau Rodrigo Plá et dès 19h au Centre culturel et de la vie associative, le documentaire Yo se de un lugar, Musica y vida de Kelvis Ochoa de Beat Borter (gratuit sur inscription) suivi d’un cocktail de clôture musical

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