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Quatre questions à Thomas Lilti autour de Médecin de Campagne

Médecin de campagne
De Thomas Lilti (Fr, 1h42) avec François Cluzet, Marianne Denicourt...

Que vous apporte l’exercice conjoint des carrières de cinéaste et de médecin ?
J’y trouve des points communs. Médecine et cinéma sont des arts du contrôle absolu, où rien ne doit vous échapper. Et, bien évidemment, il y a toujours quelque chose qui vous échappe… Mais il faut essayer d’en faire une force. En revanche, il existe une différence entre les deux carrières : la médecine m’a ouvert les portes du cinéma, cela a donné du crédit à ma démarche de réalisateur d’expliquer que j’étais médecin. Mais je n’ai jamais avoué faire du cinéma dans le milieu médical : ça aurait joué en ma défaveur…

Sachant qu’il a la réputation d’être un parfait hypocondriaque et le pire patient qui soit, qu’est-ce qui vous intéressait dans la figure du médecin malade ?
Thomas Lilti : On a tous vu des spécialistes en nutrition obèses, des cancérologues fumant deux paquets par jour : ils ne s’infligeraient pas une seconde ce qu’ils infligent à leurs malades ! Mais ce n’est pas l’argument du film : mon personnage a comme particularité d’être médecin de campagne et il se trouve qu’il est malade. Sa catastrophe est d’avoir à assumer sa maladie aux yeux de ses patients. J’ai rencontré des médecins dans cette situation : ils la vivent comme une honte, un secret. D’habitude, ils sont au-dessus de la maladie ; là, ils se retrouvent au même niveau que leurs patients. Ils perdent une partie de leur pouvoir magique. Ici s’ajoute une dimension plus terre-à-terre : l’idée que quelqu’un va s’occuper des patients qu’il suit depuis trente ans, dont il connaît tous les secrets. Or un médecin a rarement confiance en celui qui vient le remplacer.

Vous abordez de manière très frontale la problématique de la mort à domicile…
Ce sujet du grand âge me tient à cœur. Dans nos sociétés, il est difficile de maintenir chez eux des gens à qui il ne reste que quelques mois de vie ; l’hôpital signe souvent leur arrêt de mort. L’institution n’est pas la seule responsable : les familles elles-mêmes, démunies, préfèrent l’hospitalisation. J’ai pensé à ma grand-mère, morte à l’hôpital, je sais que ce n’est pas ce qu’elle voulait. J’aimerais qu’on arrive à organiser mieux le maintien à domicile.

Pourquoi avoir présenté le rituel d’une toilette mortuaire ?
J’y tenais beaucoup : c’est le dernier geste que l’infirmière peut faire pour son patient, sa façon de dire au revoir. Quand il y a du rush dans un service, si une jeune croit bien faire en proposant de s’occuper des toilettes mortuaires à la place des autres, en réalité elle commet un blasphème : la dernière toilette est un moment trop important !



Propos recueillis par Vincent Raymond

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