Terry Riley est une figure de la musique minimaliste dont l'œuvre emblématique reste sans aucun doute la transcendante pièce In C, composée en 1964 en Californie et régulièrement interprétée depuis. Écrite pour 35 musiciens, potentiellement plus ou moins, elle est particulière dans le sens où elle laisse une grande liberté d'improvisation : elle est composée de 53 motifs qui doivent être joués dans l'ordre et répétés par tous les interprètes, mais ces derniers choisissent le nombre de fois où ils répètent chacun des phrasés, et ils doivent parfois s'interrompre pour écouter l'ensemble avant de reprendre. De plus, tous les instruments sont les bienvenus. Comme une impression d'infini, d'état onirique après des heures dans un train lancé au mitan de paysages inconnus, qui influença grandement le krautrock (cf. le E2-E4 de Manuel Göttsching).
À la lecture de cette introduction, l'on saisit aisément tout l'intérêt du voyage effectué sur le continent africain par cette pièce historique : comme un retour aux sources de la musique répétitive, plus de cinquante ans après sa création. C'est le collectif initié par Damon Albarn (Blur, Gorillaz) qui s'en est emparé ; Africa Express, avec un Brian Eno pas loin, a revu et corrigé à la sauce malienne ce In C nourri ici de balafon, de kora, de flûtes et de voix.
Durant quarante minutes, nous voici plongé dans les méandres maliens, un voyage transversal et traversé de saillies renouvelant complètement la pièce originelle, pourtant déjà souvent revisitée. Un véritable coup de maître, visible pour une salle date en France : ce sera aux Nuits de Fourvière, juste avant un autre moment de grandeur, la rencontre entre la kora de Ballaké Sissoko et le violoncelle de Vincent Ségal, dialogue improvisé d'une subtilité rarement égalée sur une scène.
Africa Express plays In C in Mali + Vincent Ségal & Ballaké Sissoko + Oum
Au Grand Théâtre le mardi 28 juin dans le cadre des Nuits de Fourvière