Un film de Steven Spielberg (É-U, 1h55) avec Ruby Barnhill, Mark Rylance, Rebecca Hallplus... (sortie le 20 juillet)
Ni club de foot, ni grand magasin parisien ; ni philosophe va-t-en guerre et encore moins chaîne de fast food, l'acronyme BGG désigne la nouvelle créature intégrant l'écurie de Spielberg — déjà fort remplie. Né en 1982 dans l'esprit fécond de Roald Dahl, le Bon Gros Géant avait tout pour l'inspirer, puisqu'il convoque dans un conte contemporain les solitudes de deux “doubles exclus” — une petite orpheline et un monstre rejeté par les siens —, du merveilleux spectaculaire et de l'impertinence. Le cinéaste en tire une œuvre conventionnelle au début, qui s'envole et s'anime dans sa seconde moitié, lorsqu'entre majestueusement en scène une Reine d'Angleterre à la cocasserie insoupçonnée.
Spielberg est coutumier de ces films hétérogènes, changeant de ton après une ligne de démarcation nette — voir A.I. Intelligence Artificielle (2001)—, comme d'intrigantes scènes de sadisme sur les enfants, qu'il semble apprécier de recouvrir de détritus ou de mucosités : les crachats de brontosaures dans Jurassic Park (1993) étant ici remplacés par de la pulpe infâme de “schnocombre”. L'humour pot-de-chambre ira d'ailleurs assez loin — jusqu'au trône.
Dommage que le Géant, dont le minois évoque Benoît Poelvoorde (en dépit de la voix française de Dany Boon), souffre de son origine numérique trop manifeste : couleur plastique, silhouette hésitant entre caricature et réalisme, gestuelle caoutchouteuse... C'est là la limite esthétique du film.