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Nick V, un dimanche pour voguer

La Mona x Art Feast records

Le Sucre

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Clubbing / C'est l'un des DJ les plus discrets et les plus précieux de la scène française : le natif de Manchester Nick V, ardent défenseur d'un certain esprit du clubbing où l'hédonisme, le partage et la danse priment sur la starification, s'installe au Sucre le temps d'un dimanche précieux avec sa party La Mona, invité par Art Feast.

La Mona, une soirée initiée à la Java que tu exportes au Sucre ?
Nick V :
Mona est une soirée que j’ai co-fondée il y a huit ans avec une bande d’amis, aujourd’hui seul Fred (de Mona) est resté parmi les premiers fondateurs, mais la soirée s’organise toujours en équipe. C’est clairement une soirée house, dont les bases s’inspirent de la house et du disco des origines, c’est à dire des musiques originaires de New York, Chicago et Detroit, qui correspondent à une bonne partie de mes influences musicales personnelles.

à lire aussi : Biennale de la danse 2016 : Ce qu'il faut voir

Pour apporter une vraie énergie aux soirées, j’ai voulu y associer la danse. Cela m’a paru essentiel car cette musique a été créée avec pour unique but de faire danser. Hélas avec le temps cela a été quelque peu oublié dans les clubs, au profit de la fascination pour la starification des artistes, ou de la consommation de produits divers.

J’ai voulu faire revenir le plaisir simple de la danse dans mes soirées, qui correspond à une démarche plus globale pour retrouver une dimension plus sincère et une énergie plus puissante dans le club. Ce qui m’intéresse avant tout est d’apporter la danse aux non initiés et non la surenchère de la performance, c’est pourquoi à La Mona nous démarrons toujours nos soirées par une initiation offerte à tous.

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Dimanche je serai au Sucre accompagné de quatre danseurs qui viendront donner une dance class au début de l’après-midi. C’est un moment de partage très puissant et cela permet d’ouvrir les portes du club avec des bases positives.

Enfin Mona c’est aussi un label désormais. L’idée est de faire écho à la bande son de nos soirées au format vinyl avec des artistes dont je me sens proche. En octobre, nous allons célébrer la sortie de notre premier EP Serving La Mona avec des morceaux de deux jeunes français, Hugo LX et Tim 2T. Le label est d’ailleurs distribué par Chez Émile à Lyon !

Qu’est-ce que le vogue runway ?
Nous n’avons pas de danse de prédilection mais le voguing fait partie des danses que nous aimons mettre en avant. Au sein du voguing, il y a différents sous-genres ou "catégories" qui sont pratiquées lors des balls (compétitions où les danseurs s’affrontent) et le runway fait partie de ces catégories. Paradoxalement, il s’agit surtout de ne pas danser mais plutôt de marcher, de défiler comme un mannequin.

Il y a différentes façons de marcher, de façon plus féminine (european runway) ou plus masculine (american runway). Cela peut paraître très simple mais toute la force du runway repose dans l’affirmation d’un personnage qui se traduit dans sa façon de marcher ou de se tenir. En réalité ça demande beaucoup de présence, et c’est un excellent moyen pour aborder le voguing. C’est pourquoi nous avons choisi le runway ce dimanche.

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D’où vient le voguing, pour ceux qui ne connaissent de ce mouvement que le titre de Madonna ?
C’est une longue histoire car le voguing dépasse la danse, et le clip de Madonna, c’est plutôt une culture LGBT, d’origine afro et latino américaine qui a beaucoup de choses à dire. Le concept est né quelque part entre les années 30-50 lorsque ces communautés organisaient leurs propres compétitions de beauté. Petit à petit les compétiteurs se sont réapproprié les codes du monde de la mode en s’inspirant des poses du magazine Vogue, d’où le nom, puis la danse est arrivée vers les années 60/70 avec l’influence d’autres disciplines tels que les arts martiaux ou les poses égyptiennes.

Aujourd’hui la danse a évolué encore avec notamment la pratique du Vogue Fem, qui est son aspect le plus spectaculaire et athlétique. Les danseurs forment des familles ou des house qui portent souvent le nom de maisons de couture (Lanvin, Balengiaca, Mugler …) mais pas que, il y a aussi Ninja (la plus connue) ou La Durée (la première house française).

Cela fait rêver, surtout que la danse s’accompagne de tenues soigneusement préparées, mais il faut comprendre que cela va beaucoup plus loin et que le voguing correspond à une vraie culture avec des revendications fortes au sein des communautés noires et trans LGBT qui portent, au travers de la danse, leurs combats pour l’égalité et la reconnaissance.

En France, cette danse est pratiquée par de nombreux jeunes qui assument leur identité avec une affirmation puissante, je suis assez admiratif devant leur courage notamment compte tenu du repli social et idéologique que nous subissons actuellement.

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Clubber le dimanche après-midi est un moment particulier, qui se développe de plus en plus en France...
En effet c’est une pratique qui se développe beaucoup, et pas que le dimanche. Cela correspond à une envie de la part des générations nouvelles de rompre avec les codes traditionnels festifs. Nous avons vu apparaître ces dernières années des fêtes à toute heure, et dans des lieux insolites, plus difficiles d’accès. Pour les parisiens cela été un grand changement puisque pendant des années traverser le périphérique était mission impossible ! Le clubbing en journée est plus compatible avec les horaires de travail habituels ou une vie de famille, ça peut jouer certes mais je crois que la différence se trouve dans le fait de pouvoir danser en plein jour, ce qui est une expérience totalement magique.

On pense inévitablement aux soirées Body & Soul à New York… As-tu déjà eu l’occasion d’y aller, est-ce une influence revendiquée de ta part ?
Pas du tout, je n’y suis jamais allé (même si j’adore ce qu’ils font). S’il y a un lien avec Body & Soul, au delà de notre musique qui est assez proche dans les influences, c’est surtout l’aspect social et communautaire que l’on peut retrouver également à la Mona. Je ne parle pas d’une communauté fermée d’initiés mais plutôt de l’aspect fédérateur de la musique et de ce pouvoir qu’elle a pour attirer des gens très différents, de les unir bien au delà de leurs différences sociales ou culturelles. C’est grâce à ça nous avons un public fidèle et régulier qui nous suit quelle que soit de notre programmation.

Qui est Rick Wilhite, l’invité de cette édition ?
Rick Wilhite fait partie de la select famille des DJs issue de la ville de Detroit. C’est un DJ éclectique capable de jouer tous les genres mais sa musique de prédilection est la house music, qui doit beaucoup à la ville de Detroit depuis plus de trente ans. Il est notamment l’un des membres des 3 chairs avec Theo Parrish et Moodymann, et je crois qu’une fois que l’on est rentré dans un club comme ça on a plus rien à prouver en matière de dance music !

Tu es aussi la tête chercheuse de 22Tracks à Paris : en quoi consiste ce rôle et quel est l’histoire de ce site ?
22tracks est un site de streaming musical, basé sur le principe de la curation humaine (par opposition aux algorythmes), qui permet de découvrir de la nouvelle musique dans quatre villes européennes (Paris, Amsterdam, Londres et Bruxelles).

En ce qui me concerne, ce n’est pas exactement ça : je suis plutôt la tête chercheuse en matière de deep house, j’assure la curation du site dans ce genre musical particulier et pour la ville de Paris. Ça demande d’être en permanence ouvert et connecté à l’écosphère de la house music et de rester curieux aux nouveautés qui apparaissent pour en extraire le meilleur … Selon moi bien sûr : la curation est une vision personnalisée.

Je suis également manager pour 22tracks à Paris, c’est à dire que j’ai réuni l’équipe de curateurs pour l’ensemble des genres et je les assiste quotidiennement dans leur travail. Cela reste un travail de soutien, et ils sont bien sûr complétement autonomes dans leur choix musicaux.

C’est une histoire de passionnés et le site a démarré comme une petite start-up à Amsterdam en 2009. Aujourd’hui, ils sont implantés dans quatre villes avec un festival annuel, 22fest qui se déroule également à Amsterdam.

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Tu viens de participer à un documentaire sur la scène underground électronique parisienne. Comment vois-tu cette scène, comment expliques-tu l’explosion des musiques électroniques dans cette ville, comme à Lyon d’ailleurs, ces derniers temps ?
Ce documentaire met en avant l’explosion de la scène électronique à Paris mais cela est également valable ailleurs en France. Des villes comme Nantes, Lille et Lyon ont également des scènes très développées avec de nouveaux acteurs très dynamiques. Après des années où la musique électronique ne parlait qu’à une communauté assez restreinte, il y a eu une forme de "démocratisation" post french touch, qui a touché une génération plus large.

Avec pour conséquence l’apparition d’un nouveau public, et surtout le renouvellement très rapide des principaux acteurs (artistes, promoteurs, DJs…). Cette nouvelle génération est souvent mieux formée et mieux informée que la précédente, ce sont des gens qui ont voyagé, qui ont étudié et qui ont pu bénéficier du formidable outil qu’est Internet.

Le secteur économique autour du clubbing en bénéficie et ça explique l’expansion actuelle sur le territoire français. Les DJs ont une meilleure connaissance des musiques qu’ils jouent, mais ça n’en fait pas forcément de meilleurs DJs : l’art de faire danser des gens ne s’apprend pas si facilement !

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La Mona - Art Feast
Avec Rick Wilhite, Nick V, Klaaar
Au Sucre le dimanche 11 septembre de 16h à 23h

Photographies © Kopeto

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