De tous les super-héros capés, Batman est celui auquel chacun(e) s'identifie le plus aisément, puisque sa force réside dans ses faiblesses. Ni extraterrestre, ni mutant de naissance ou du fait d'une exposition fortuite à un chiroptère radioactif, Bruce Wayne demeure sous le masque du vengeur un type banal. Enfin... sur le plan physiologique. Car au niveau psychologique, il subit encore le contrecoup de l'assassinat de ses parents auquel il a assisté enfant (voici pour le passif) ; et sur le plan bancaire, il doit s'accommoder d'un héritage de quelques milliards — voilà pour l'actif.
Un tel cocktail ne pouvait qu'appâter des réalisateurs un peu secoués, aimant malaxer la matière cinématographique pour servir de nouveaux mélanges. Conscients du trésor qu'ils détenaient, les studios Warner ont (presque) toujours pris soin de confier leur ténébreux chevalier à des cinéastes plutôt bath. La preuve avec les quatre films déployés par l'Institut Lumière.
C'est Tim Burton qui s'y colle le premier en faisant décoller la franchise en 1989. Face à un Michael Keaton inattendu de sobriété (il en oublie presque son petit air narquois) se démène un Joker plus Nicholson que jamais dans une ambiance proto-gothique du plus bel effet. Ce Batman est suivi par Batman, le défi (1992) accentuant l'ombre et creusant la dimension tragique des personnages — on inclut la sexy Catwoman et l'effrayant Pingouin dans le lot.
Grâce à une bienheureuse ellipse évitant les épisodes signés Schumacher, vous enchaînerez avec les deux premiers volets de la trilogie de Christopher Nolan avec Christian Bale, Batman Begins (2005) et The Dark Knight (2008). Proche de l'esprit de Frank Miller, ce reboot va encore plus loin dans la noirceur et la violence réalistes ; évitez donc le café. Rarement nuit blanche aura été aussi sombre...
Nuit Batman
À l'institut Lumière le samedi 24 septembre à 20h