Kosme, sans fard

We are reality

Transbordeur

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Entretien / Fer de lance de la jeune scène techno et house, auteur de DJ sets époustouflants qui ont fait le bonheur des aficionados du Sucre où il était résident, Kosme s'est exilé à... Chamonix pour trouver un nouveau souffle. À savourer ce week-end, du côté de la We Are Reality.

Est-ce que le fait de quitter Lyon et l’urbanité pour Chamonix et un endroit plus proche de la nature a changé ta manière de composer, ton son, tes DJ sets ?
Kosme : Ça a changé entièrement ma vie ! J'arrivais personnellement à la fin d'un cycle à Lyon, pas seulement dans la musique, mais aussi dans ma vie. J'avais besoin d'un nouvel envol, d'un nouvel air, de repousser mes limites et de sortir de ma zone de confort pour évoluer.

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Depuis deux ans, on a lié des liens étroits avec Chamonix grâce au festival Unlimited alliant musique et montagne, organisé par José Lagarellos : c'est assez naturellement que je me suis installé ici. Chamonix répond actuellement entièrement aux besoins liés à ma vie de DJ. Je trouve ici l'inspiration, mais aussi le mode de vie sportif, la nature et le "bien être" qui m'aident a recharger mes batteries et a être plus performant pour mes dates le week-end.

Je pense avoir trouvé le bon équilibre, ça m'a énormément apporté humainement et artistiquement... et ça tente déjà d'autres collègues DJ qui m'envient un peu ! J'aime beaucoup les Chamoniards, le ski free-ride, ma nouvelle passion qu'est le trail, et la fondue aux cêpes !

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Quelle est ta vision de la scène française actuelle, en pleine explosion musicalement, que ressens-tu, toi qui a fait des études de sociologie, face à l’hédonisme festif qui s’est emparé de la jeunesse techno remplissant actuellement clubs, raves et festivals ?
Les vannes sont "enfin" ouvertes en France ! Je suis tellement heureux de voir la France décomplexée, libre, créative, prendre en main sa culture club, écrire encore une fois un morceau de l'histoire house et techno. La nouvelle génération d'activistes est magique, dans les grandes villes ou ailleurs. Cela participe au climat social actuel : se sentir libre, faire partie d'une grande famille à laquelle on est fier d'appartenir et de partager ses valeurs.

Le Sucre : quel est ta vision de ce club où tu étais résident ? Peut-il laisser une trace dans le mythe du clubbing ?
Malheureusement, à mon goût, Le Sucre ne se revendique pas comme un club, ce n'est pas le projet d'Arty Farty (qui gère le club et Nuits Sonores). C'est un endroit multi-culturel o` vous pouvez bien sûr danser, mais aussi assister à des conférences, venir regarder des matchs de foot, jouer au ping-pong ou faire du roller. C'est aussi un espace à louer pour les entreprises en semaine. C'est un beau projet, qui s'inscrit parfaitement dans la politique de développement de la ville de Lyon.

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Mais ça ne pourra jamais être un vrai club européen, à mon grand regret, avec une vraie vocation à défendre une culture clubbing singulière pouvant faire éclore des artistes lyonnais. D'autant plus qu'aujourd'hui, la politique du club est d'offrir des résidences aux artistes de l'agence parisienne A.K.A (l'agence artistique affilié à Arty Farty / Nuits Sonores) comme la londonienne Moxie ou le grenoblois The Hacker.

Je ne cherche à discréditer personne, chacun ses rêves, ses envies, ses projets, je trouve un peu triste au vu des moyens dont dispose une ville comme Lyon qu'aujourd'hui ses jeunes artistes peinent à trouver de réelles structures tremplin offrant un encadrement (management, label, studio, promotion) comme peuvent le faire Concrete à Paris, Dekmantel à Amsterdam, Ostgut Ton à Berlin. La scène lyonnaise regorge de nouveaux talents qui sont aujourd'hui soutenus et développés par de plus petites structures comme Chez Émile ou Groovedge, qui se professionnalisent d'année en année et offrent cet encadrement et des débouchés concrets pour réaliser des disques par exemple, pour évoluer artistiquement.

Tes influences initiales sont américaines, Detroit, Chicago… Comment perçois-tu l’explosion de ces musiques dans le monde ? Es-tu aussi sensible aux autres musiques black issues de ces villes ?
Comme le chantait Bernard Lavillers : « La musique est un cri qui vient de l'intérieur » ! Ha ha ha ! Ce que j'aime avant tout dans la musique black américaine, c'est sa sincérité : ça me touche au plus profond de mon âme. C'est incroyable comme la musique peut changer une vie, elle a changé la mienne et guide mes choix jour après jour. Elle a été un exutoire et un moyen d'expression de beaucoup de communautés et de minorités aux États-Unis, c'est peut-être pour cela que ces genres sont aussi créatifs, sincères et touchants. Quant à Marvin Gaye, je suis ultra fan ! Il a souvent été la bande son de mes rendez vous galants...

Est-ce que la musique électronique n’a pas perdu au fil des ans, avec le succès, sa dynamique politique et sociale ? Blacks et gays en avaient fait des porte-voix. Aujourd’hui, on sent une scène qui se veut plutôt apolitique. Plus généralement, la scène house et techno ne manque-t-elle pas d’engagement aujourd’hui ?
C'est surement vrai, mais je pense que c'est comme ça à tous les niveaux dans nos sociétés, il est très difficile de se faire entendre actuellement, même par des moyens ou des cultures plus underground qui ont tendance à se polisser, car elles sont souvent récupérées par la culture capitaliste de masse. Après, j'ai bon espoir pour la culture club house & techno qui se structure de la bonne manière partout dans le monde et véhicule des valeurs de tolérance et de partage. Elle est pour moi, enfant de la campagne Nivernaise, petit-fils de mineur, et fils de menuisier, une aventure et un tremplin dans la vie formidable.

We Are Reality
Kosme + Carl Craig + Marcel Dettman
Au Transbordeur le vendredi 23 septembre

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