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L'art du collectif selon Eric Vuillard
Par Nadja Pobel
Publié Mardi 27 septembre 2016

Photo : © DR
Un cadeau. Presque une politesse. À tout le moins une considération. C'est sous cette forme que se révèle 14 juillet au fil de la lecture. À nous de prendre alors soin de ne pas écorner un vocabulaire méticuleux, parfois inusité. Prendre le temps de lire chacune des syllabes de ces patronymes, inédits parce que personne ne s'était jamais penché sur leur sort. Écouter sourdre la colère puis regarder éclater la joie.
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Éric Vuillard livre en 200 pages, avec une concision d'orfèvre, un récit dont la modestie de l'entreprise n'a d'égale que l'ampleur de l'épopée : rien moins que le commencement de la Révolution française. Comme ceux dont il parle, il est artisan. Celui d'une mise au jour de ces anonymes qui ont pris la Bastille, un mardi. Comme il y eu un dimanche à Bouvines. Certes, Vuillard n'est pas historien comme Duby, mais il est allé fouiller dans les archives afin de restituer ce moment de vacillement qui n’apparaît comme tel qu'a posteriori, et qui tient aussi à une planche pour traverser le fossé (quel art du suspens !).
Ce que décrit Vuillard, comme il l'avait fait avec la colonisation meurtrière de l’Europe sur l'Afrique (Congo), les décideurs endimanchés quant à la future Première Guerre mondiale (La Bataille d'Occident) ou la négation de la culture amérindienne (Tristesse de la terre), est la main-mise de quelques-uns sur la vie de beaucoup d'autres. Il en revient à ce constat presque binaire, pourtant fondamental, mais si souvent tenu sous silence : quand ceux qui ont faim et froid apprennent que d'autres croulent sous l’opulence, ils s'agacent, s'échauffent, prennent les armes.
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Subtilement, et même sans jamais utiliser maladroitement cette période de l'histoire de France à la fin d'éclairer la cruauté du capitalisme actuel, Éric Vuillard dresse un continuum au long cours : la dette, le chômage existaient déjà. Et le collectif était la seule réponse possible : « sans eux il n'y avait pas de foule, pas de masse, pas de Bastille » écrit-il. Et puisque « nul n'a jamais écrit leur fable amère », Vuillard s'y est attelé dans cet ouvrage salutaire et d'une maîtrise de la langue à couper le souffle.
Éric Vuillard, 14 juillet (Actes Sud)
Rencontre avec l'auteur à la librairie Passages le 18 octobre
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