de Yohan Laffort (Fr, 1h49) documentaire avec Alain Guyard
Avec ses rouflaquettes, ses tatouages, son costard de chanteur nouvelle scène française et sa tchatche exaltée, Alain Guyard renverrait presque Michel Onfray au rayon des ancêtres pontifiants. Célébré comme une rockstar, le volubile philosophe intervient partout où on le sollicite (dans les campagnes reculées, en prison, sous un chapiteau, en Belgique, dans une grotte) pour diffuser de façon ludique et accessible la parole des penseurs — et surtout inciter ses auditeurs à phosphorer par eux-mêmes.
Davantage qu'un émetteur de “produit culturel”, Guyard se veut une sorte de coach intellectuel, exerçant à la gymnastique de la réflexion. Comment ne pas être séduit par cette démarche noble de propagation de la connaissance, engendrant un tel enthousiasme ?
Ce que montre ce documentaire va bien au-delà du cas de Guyard, en révélant l'abyssal manque de repères ainsi que le désir de sens largement répandus et partagés parmi toutes les composantes de notre société, qui rendent chacun(e) vulnérable au discours du premier bon parleur venu — certes, lui porte et apporte des valeurs humaines, mais d'autres se servent de leur enveloppe charismatique pour charrier du vent ou du purin.
Espérons que ce coup de projecteur sur ce philosophe forain ne le transformera pas en bête de foire, par la faute de médias ravis de trouver en lui une nouvelle proie pittoresque. Il vaut mieux parfois rester dans l'ombre de sa caverne. Ou de son tonneau, à l'instar de Diogène...