Patrick Pineau : L'Art de l'acteur

L'Art de la comédie

Théâtre de la Croix-Rousse

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Théâtre de la Croix-Rousse / Avec L'Art de la comédie, le metteur en scène Patrick Pineau se met au service de ses acteurs et prouve qu'il sait aussi bien les diriger qu'il a su occuper lui-même les planches précédemment.

C'était il y a quinze ans et pourtant le génie de Patrick Pineau dans Un fil à la patte (version Lavaudant) est encore incrusté dans nos mémoires. Il fut aussi un Cyrano mémorable en 2013 aux Nuits de Fourvière, dans une mise en scène (Lavaudant encore) un brin académique. Mais le comédien ne s'est jamais vraiment contenté de parfaitement assurer ses rôles. Il transmet son art à d'autres en les dirigeant et notamment dans cet épatant Monsieur Amand dit Garrincha où il guida en 2001 puis à nouveau cet été Éric Elmosnino dans de multiples rôles loin d'être évidents.

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En choisissant L'Art de la comédie (crée à Sénart en janvier dernier où il est artiste associé), Patrick Pineau a d'abord fait le choix d'une fantastique matière à jouer, distribuant sa troupe de fidèles dans cette succession de duos, écrite dans les années 60 par l'Italien Eduardo de Filippo, très populaire dans son pays. Le dramaturge y décrit les liens entre pouvoir (le préfet) et la société représentée par un comédien, un médecin, un curé, une institutrice qui défilent dans son bureau pas encore aménagé.

« Les acteurs ont l'air vrais »

Pour figurer ce maelstrom, la scénographie dépouillée au sol (table et chaise encore empaquetées dans un papier bulle particulièrement bien utilisé) est dotée d'une coursive métallique en hauteur permettant de mettre en scène l'affolement des personnages et notamment celui du secrétaire (Christophe Vandevelde, dans une exagération parfaite) entièrement dévoué à son chef qui reçoit, dans un premier temps, un comédien dont la roulotte vient de brûler. L'art est-il un divertissement pour amuser le bourgeois comme le pense le préfet ? Les artistes sont-ils des privilégiés ? Les gouvernants ont-ils à craindre les auteurs et leur liberté ?

Les dialogues de Filippo enfoncent quelques portes ouvertes et ont vieilli, mais ce qui fait le sel de ce théâtre-là est le jeu des apparences : qui voit-on ? Chacun est-il celui qu'il prétend être ? Les médecins et curés sont-il "vrais" ? Jouent-ils à être ces notables-là ? Le préfet préfère ne voir en eux que des fabulateurs et doute de tout. Nous, malgré une introduction poussive et ce texte parfois trop long, ne doutons pas, à la vue de ce spectacle-là, que l'art de l'acteur est majeur sur les planches. Et qu'il tend ici vers le meilleur.

L'Art de la comédie
Au théâtre de la Croix-Rousse jusqu'au jeudi 1er décembre

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