Un film de Morgan Simon (Fr, 1h20), avec Kévin Azaïs, Monia Chokri, Nathan Willcocks...
Hervé a élevé seul son fils Vincent avec lequel il ne sait comment communiquer. Jeune adulte réservé, celui-ci s'épanouit en chantant dans un groupe de hard. Leur équilibre instable chavire quand Hervé entame une relation avec Julia, de dix ans sa cadette... et de dix l'aînée de Vincent.
Revendiquant jusque dans son beau titre les stigmates de son âpreté, ce film s'ouvre par une scène symbolisant admirablement la relation paradoxale unissant le fils à son père : Vincent se fait tatouer sur le cou le portrait de son géniteur, qui le rabroue pour cet hommage. Comme s'il ne supportait pas que son fils veuille l'avoir dans/sur la peau, au vu et au su de tout le monde : une telle affirmation d'affection aussi muette que criante paraît démesurée pour ces deux taiseux contraints de vivre ensemble depuis toujours, n'ayant d'autre possibilité que de se déchirer pour exprimer leurs sentiments mutuels.
Souvent confronté à des rôles initiatiques montrant son endurcissement progressif, Kevin Azaïs incarne ici un personnage plus nuancé que d'habitude : ayant atteint sa forme adulte, mais recelant des fractures d'enfance. L'enjeu est différent, et par conséquent le jeu plus complexe — d'autant qu'il trouve en Nathan Willcocks le partenaire idéal pour rendre leur relation aussi tendue qu'émouvante.