Caroline Deruas : « Je suis très contente de sentir des gens qui ont envie de faire des choses barrées »

L'Indomptée
De Caroline Deruas (Fr, 1h38) avec Clotilde Hesme, Jenna Thiam...

Entretien / Fantômes et sculptures se confondent à la Villa Médicis et les tourments intérieurs des personnages troublent un peu plus la frontière entre fantasme et réalité. Eléments de réponse sur ce théâtre sensoriel avec la réalisatrice de L’Indomptée, Caroline Deruas.

Pourquoi la Villa Médicis est le lieu du film ?
Caroline Deruas :
J’ai été en pensionnat dans cet endroit durant une année. Pour m’approprier davantage le lieu, j’ai décidé d’en faire une déclaration d’amour filmée. J’ai eu tout de suite des scènes en tête, très baroques et irréalistes. Dans le film, la Villa est un personnage à part entière. Pour moi, elle est une mère à la fois protectrice et étouffante dont la voix serait la musique du film. C’est une sorte de chant des sirènes qui attire les artistes dans son ventre et les mange. Après, je reconnais qu’il peut y avoir beaucoup de choses inconscientes dans le film.

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Les références culturelles dans L’Indomptée sont-elles réfléchies ?
Elles sont multiples mais dans mes court-métrages, je vois qu’il y avait toujours un film phare qui donnait une direction. Pour celui là, ce n’était pas du tout le cas. J’avais l’impression de me libérer de mes influences, même si je suis une passionnée de cinéma depuis que je suis gosse. Le seul film que je revoyais un peu était Mulholland Drive de David Lynch. Comme je parle souvent d’Argento, il y a sans doute aussi des références pour mille et une raisons, notamment pour le côté fantastique.

Vous reconnaissez-vous dans cette génération actuelles de réalisatrices qui s’approprient le cinéma de genre comme Julia Ducournau avec Grave ou Lucile Hadzihalilovic avec Innocence et Evolution ?
Oui et je me sens très bien dans ma génération de cinéastes françaises. J’en ai marre du cinéma réaliste et naturaliste même s’il y a de temps à autre un bon film. Yann Gonzalez est mon meilleur ami et a fait Les Rencontres d’après-minuit, un pied de nez au cinéma réaliste. Ça, c’est le cinéma qui me fait du bien !
Tous les projets que j’ai dans le futur ont un univers onirique : l’un sera italien et fera le portrait de l’écrivaine Elsa Morante à travers ses rêves et un autre, en France, sera sur le double féminin. Je suis très contente de sentir des gens qui ont envie de faire des choses barrées : il n’y avait pas ça dans les deux générations précédentes. Pour moi, c’est un combat personnel comme celui de défendre le cinéma artistique. Si je fais un film sur la Villa Médicis, c’est pour montrer qu’il faut faire attention à la culture en France.

L’Art et la culture sont-ils les principaux sujets du film ?
C’est plus l’imagination que l’art à qui je rends hommage. Le personnage d’Axèle incarne pour moi l’imagination. Je vois ça comme ce qu’il y a de plus sublime chez l’être humain. C’était intéressant pour moi de montrer son côté laborieux, car on la voit toujours de manière héroïque. Je me sens laborieuse aussi lorsque j’écris mes scénarios, parce que j’ai l’impression qu’il faut que j’y revienne 150 fois. Par contre, je ne me suis jamais retrouvée paralysée devant une feuille blanche. Je sens qu’il n’y a pas de génie mais beaucoup de travail. Il faut être très exigeant même s’il y en a qui donnent l’impression que c’est facile.

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