Jazz / Avant de probablement passer en biennale, l'incontournable festival À Vaulx Jazz fête ses 30 ans. Et si le programme comme sa durée sont resserrés, l'amateur de jazz et les fidèles auront de quoi retrouver ce qui fait son sel.
À Vaulx Jazz, 30e. Les mauvaises langues argueront que pour entrer dans sa quatrième décennie, le festival vaudais aurait pu frapper plus fort. D'autres se demanderont où sont passées les compositions artisanales en forme de masques tribaux ou de totems surréalistes de Bruno Théry, marque visuelle depuis des lustres, remplacées par le travail de jeunes graphistes lyonnais.
En retournant la lorgnette on peut aussi, tout en saluant l'initiative de rendre les choses plus lisibles en recalant son hors-les-murs au mois de mars, voir là la volonté d'un festival qui a envie de se donner un coup de jeune, un coup de frais, histoire de ne pas basculer dans la routine. Bref d'aborder ses 30 ans du bon pied. Et de fêter ça dignement, quand on annonce que le festival pourrait passer en biennale (et donc fêterait ses 31 ans dans deux ans).
Car il y aura quand même du grand nom jazz à se mettre sous l'esgourde. Le plus fidèle d'entre eux (qui fit ses débuts français en ce même festival il y a tout juste dix ans) étant Anthony Joseph, poète-chanteur qui s'attaque avec son dernier disque Carribean Roots, aux racines musicales de son enfance trinidadienne.
Amazones et sœurs siamoises
Un Joseph talonné de près dans la fidélité par le régional (et chouchou) de l'étape Antoine Mermet (Chromb!) qui viendra notamment se présenter sous l'avatar Saint Sadrill. Pour le reste le festival accueillera un Marc Ribot en colère contre le téléchargement et très électrique, des Amazones d'Afrique (sans Mariam Doumbia) très remontées pour le droit des femmes en Afrique et ailleurs, le contre-bassiste Avishai Cohen, les saxophonistes Shabaka (and the Ancestors) et Steve Coleman, fondateur du M-Base, nouvelle façon de penser non seulement le jazz (et de refuser ce terme) mais aussi la musique, et un focus de saison sur La Nouvelle Orléans avec la présence du Dirty Dozen Brass Band.
Côté hip-hop, à noter la présence de Black Milk, hors les murs, à l'Épicerie Moderne, et celle de Napoleon Maddox : auteur d'un projet fascinant sur ses arrière-grandes-tantes Millie et Christine, deux sœurs siamoises au destin romanesque. Car ce qu'À Vaulx Jazz tente de faire chaque année depuis 30 ans, c'est aussi cela : raconter des histoires qui font la sienne.
À Vaulx Jazz
Au Centre Culturel Charlie Chaplin du 6 au 25 mars