Kiyoshi Kurosawa : « je filme en ressentant. »

Kiyoshi Kurosawa : « je filme en ressentant. »
Le secret de la chambre noire
De Kiyoshi Kurosawa (Fr-Bel-Jap, 2h11) avec Tahar Rahim, Constance Rousseau...

Entretien / Quand Kiyoshi Kurosawa pose sa caméra en France, il emporte avec lui les spectres de son cinéma intime. Explications d'une relation entre un pays et un univers se contaminant mutuellement.

Est-ce que les fantômes dans ce film français sont les mêmes que les japonais ?
Kiyoshi Kurosawa : Il y a exactement les mêmes fantômes et d'autres qui sont totalement différents. Dans le film, dés l'introduction, le personnage de la mère est le genre de fantôme que l'on voit dans les films qui font peur, notamment les films d'horreur japonais traditionnels. Ce qui est nouveau, c'est le personnage de Marie [Constance Rousseau, NDLR] qui n'était pas un fantôme au départ, mais l'est devenue. Cela ouvre un nouveau drame avec un personnage différent. Cette manière de représenter les fantômes est un challenge car elle ne se fait pas du tout dans l'horreur japonaise ou dans le cinéma de genre mondial en général. C'est vrai que mes films s'inscrivent dans le genre horreur. Et j'ai commencé à avoir envie de ne pas seulement représenter la peur dans les fantômes, mais aussi d'autres facettes de l'être humain, plus sensibles.

Comment expliqueriez-vous la dialectique entre les photographies et les fantômes ?
Je filme en ressentant. Lorsqu'on regarde un film ou une photographie, ça appartient au passé : on ne sait pas si les personnes qu'elle montre sont toujours vivantes. C'est comme ça que le passé, le présent, la vie et la mort peuvent se mêler à travers le film : il y a le présent au moment du tournage et le passé lorsqu'on va le voir en salle.

Pour souligner cette mélancolie, pourquoi avoir choisi les compositions de Grégoire Hetzel, faisant penser à celles de Georges Delerue ?
Cette fois, j'avais envie d'une musique typique qui fasse ressentir l'ambiance du pays. En faisant mes recherches, j'ai voulu trouver un compositeur qui travaille avec des orchestres acoustiques et je suis tombé sur lui. Au début, je voulais faire quelque chose de très classique mais Hetzel s'est rapproché de plus en plus de Bernard Herrmann, le compositeur des films d'Hitchcock. Ça m'a fait réaliser que c'était ce que je voulais faire en tant que réalisateur. Grâce à cette musique, je me suis dit que ça ferait de mon film une œuvre de qualité.

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