"1:54" : chacun son tour

Victime de harcèlement au lycée, Francis s’est donné la mort. Pour le venger, mais aussi pour apaiser sa culpabilité de n’avoir su le protéger, Tim, son plus proche pote, décide de défier son bourreau sur son terrain : la piste d’athlétisme. Tim devient alors son nouveau souffre-douleur…

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Première œuvre d’un comédien et ancien athlète, ce film-dossier aborde un sujet épineux, car reposant sur un socle d’intimidations muettes, de honte et de non-dits. Pour autant, le réalisateur prend bien soin de ne pas mettre frontalement en accusation ni les instances éducatives, ni les parents. Et si ceux-ci semblent ici impuissants, voire incompétents, c’est que Yan England a choisi d’épouser le point de vue de Tim, donnant forcément une vision subjective et donc tronquée de la réalité.

Étrangement titré, comme s’il cherchait à dévier l’attention du public sur un enjeu secondaire (pour ne pas l’effrayer ?), 1:54 saura-t-il catalyser la parole chez les spectateurs liés plus ou moins directement à des situations comparables ? Exercera-t-il un rôle prophylactique ? Détachée du quotidien français, cette représentation d’une violence ordinaire dans le contexte distant québécois peut sembler moins brutale et favoriser l’appropriation des personnages. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.

de Yan England (Can, 1h46) avec Antoine-Olivier Pilon, Sophie Nélisse, Lou-Pascal Tremblay…