article partenaire
Quand on arrive en livre !

"Sage Femme" : critique et interview de Martin Provost

Sage femme
De Martin Provost (Fr-Bel) avec Catherine Frot, Catherine Deneuve...

Sage-femme, Claire travaille dans une maternité qui va bientôt fermer. Sa vie se retrouve chamboulée par l’irruption de Béatrice, amante de son défunt père. Passions, regrets et nostalgie vont s’inviter chez ces deux femmes que tout oppose.

à lire aussi : "Une vie ailleurs" : critique et interview d'Isabelle Carré et Olivier Peyon

Étude sur l’acceptation du passé, cette petite histoire s’accompagne d’une mise en scène discrète, presque invisible de Martin Provost. Écrasé par deux actrices qu’il admire, le réalisateur limite la forme à une simple illustration. Seuls Quentin Dolmaire et Olivier Gourmet irradient leurs apparitions d’un charisme qui dénote avec l’ensemble.

En dépit d’une première heure touchante, la simplicité recherchée donne un sentiment d’inabouti. Des images calmes, une musique calme et un scénario calme, achèvent de rendre le troisième acte maladroit, presque ennuyeux dans les adieux finaux. Pour les fans de Deneuve et Frot.

à lire aussi : "La Belle et la Bête" : il était (encore) une fois…


5 questions à... Martin Provost

Si Séraphine et Violette ont montré son amour pour les œuvres d’époque, Martin Provost n’en reste pas moins fou des femmes, même lorsqu’il les filme de nos jours. Méthode et peinture de ce portraitiste d’actrices.

Quels étaient vos partis-pris de mise en scène sur Sage Femme ?
Martin Provost :
S’affranchir de mes films d’époque qui demandaient un travail minutieux et précis. Là, je voulais être libre avec la caméra à l’épaule, posée sur une toute petite dolly. Ca donne une sorte de présence et de flottement. Je me suis beaucoup remis en question avec ce film. Avec Yves Cape (le directeur de la photographie, NDLR), on est parti dés le départ sur une forme assez simple, pas très sophistiquée. Je ne la voulais pas basique, mais sans effets ostentatoires. On souhaitait que ce soit vrai avec ce film. Il s’ouvre sur un accouchement : je voulais que le personnage de Claire soit aux prises avec la réalité.

à lire aussi : "Going to Brazil" : apocalypse girls

Avez-vous parlé de la psychologie des personnages avec les actrices ?
Ça dépend lesquelles. Il y en a qui aiment qu’on leur parle beaucoup. Je m’adapte facilement à n’importe quel acteur. C’est d’abord à moi d’avoir l’humilité de me mettre au service d’actrices de ce niveau. Catherine Frot était en demande et en même temps, il fallait que je lui foute la paix : ce n’était pas toujours simple pour me situer. (rires) Catherine Deneuve, c’était très exceptionnel. Elle remet souvent les choses en question et y va un peu sans filet. La direction d’acteurs ressemble à la caractérisation des personnages dans le film : Frot est très rigide et sérieuse et Deneuve arrive en sachant à peine ce qu’elle doit faire. C’est de très haut vol. Mon job était plutôt dans la vision d’ensemble, derrière la caméra, pour ne pas qu’on ait de fausses notes.

Aviez-vous peur que l’hostilité de Claire (Catherine Frot, NDLR) vis à vis de Béatrice (Catherine Deneuve, NDLR) soit mal comprise ?
Oui, parfois. On y a fait attention. En même temps, j’avais poussé Catherine Frot sur ce côté revêche. Il y a ce contraste intéressant d’une femme extrêmement généreuse dans les accouchements, qui a une propension à donner et qui, dans sa vie personnelle, fait l’inverse et a du mal à communiquer. En effet, elle aurait pu être antipathique. Ça a été un jeu permanent pour montrer qu’elle a simplement un blocage.

Pourquoi jouer sur le terme “Sage femme” sans trait d’union ?
C’est moi qui ait trouvé cette idée de liaison disparaissant au générique. (rires) Ca s’est fait progressivement. Le scénario original s’appelait “La Sage-Femme” car je voulais raconter son histoire. Au fur et à mesure de l’élaboration de l’histoire, je me suis rendu compte d’un double sens et que le personnage de Béatrice était là pour exprimer autre chose. Pendant le montage, j’ai eu une conversation avec le distributeur et le producteur où j’ai dit que je retirais le pronom du titre : ils étaient très contents.

Quels sont vos prochains projets ?
Mon premier projet sera en noir et blanc et sur un personnage d’époque qui a vraiment existé : l’histoire très belle d’un clochard. Mon deuxième projet parlera encore de femmes. (rires) Filmer les femmes, ça se dessine au fur et à mesure du temps, même si ce n’est pas volontaire : peindre des portraits de femmes, c’est plus fort que moi ! J’ai plus de mal avec les hommes. (rires)

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 17 décembre 2019 Star de cinéma, Fabienne vient de publier ses mémoires titrées La Vérité et va entamer un nouveau tournage. Sa scénariste de fille Lumir, son époux et leur petite Charlotte, débarquent alors de New York. Leur séjour permettra de régler de...
Mardi 3 septembre 2019 Dans le film de Cédric Kahn, l’une est une mère fuyante, l’autre une fille hurlante. Pas étonnant qu’elles n’arrivent pas à communiquer. Mais ici, les deux comédiennes Catherine Deneuve et Emmanuelle Bercot dialoguent sans peine.
Mardi 3 septembre 2019 Un seul être revient… et tout est dévasté. Cédric Kahn convoque un petit théâtre tchekhovien pour pratiquer la psychanalyse explosive d’une famille aux placards emplis de squelettes bien vivants. Un drame ordinaire cruel servi par des interprètes...
Mardi 26 mars 2019 Un jeune Israélien rejetant son pays et sa langue s’installe à Paris en guise de protestation et mène une existence de bohème. Un roman d’apprentissage aux faux-airs de Nouvelle Vague et empli de vrais échos du propre parcours de l’auteur. Ours...
Mardi 15 septembre 2015 De Xavier Giannoli (Fr, 2h07) avec Catherine Frot, André Marcon, Michel Fau…
Mardi 1 septembre 2015 La vérité fait parfois mal à entendre : Dieu est misanthrope, sadique et résident bruxellois. S’épanouissant dans la création de catastrophes, ce pervers se (...)
Mardi 19 mai 2015 Paul Dédalus, les jeunes comédiens, Roubaix, Mathieu Amalric et l’appétit pour les autres : le cinéaste Arnaud Desplechin aborde avec nous les grands sujets de son œuvre et de son dernier film, le sublime "Trois souvenirs de ma jeunesse". Propos...
Mardi 19 mai 2015 Conçu comme un prequel à "Comment je me suis disputé...", le nouveau et magistral film d’Arnaud Desplechin est beaucoup plus que ça : un regard rétrospectif sur son œuvre dopé par une énergie juvénile, un souffle romanesque et des comédiens...
Mardi 12 mai 2015 Portrait d’un adolescent en rupture totale avec la société que des âmes attentionnées tentent de remettre dans le droit chemin, le nouveau film d’Emmanuelle Bercot est une œuvre coup de poing sous tension constante, qui multiplie les points de vue...
Mardi 2 décembre 2014 La Ciné-collection du GRAC aura fait un sans faute depuis la rentrée. Son film de décembre, La Vie de château, est une sorte d’apothéose joyeuse, ce bijou de (...)
Mardi 22 avril 2014 Rencontre dans une cour d’immeuble entre un gardien dépressif et une retraitée persuadée que le bâtiment va s’effondrer : entre comédie de l’anxiété contemporaine et drame de la vie domestique, Pierre Salvadori parvient à un équilibre miraculeux et...
Jeudi 12 septembre 2013 D’Emmanuelle Bercot (Fr, 1h50) avec Catherine Deneuve, Camille…

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X