Bootlegger : l'homme qui cache une bouteille dans sa botte

Club / Une pincée de prohibition, un zeste de mystère, le tout arrosé d’une bonne rasade de rock, c’est la recette du Bootlegger, le nouvel after club rock qui manquait à Lyon.

Chicago, 1927. Les speakeasys, ces bars clandestins où l’on peut consommer de l’alcool, interdit par la prohibition, pullulent dans les caves et autres arrières-boutiques. Des tonneaux entiers débarquent par des petits bateaux ultra-rapides, appelés rum runners, depuis Georgetown en Guyane ou Saint-Pierre-et-Miquelon, plaque tournante du trafic, avant d’être acheminés illégalement un peu partout sur le territoire américain. Les contrebandiers, également appelés bootleggers, littéralement les hommes qui cachent des bouteilles dans leurs bottes, sont légion.

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Lyon, 2017. En bord de Saône, côté Saint-Paul, on cherche le numéro 113. On passe devant sans le voir. Normal, le Bootlegger n’a pas d’enseigne. À la manière des authentiques speakeasys, il n’en aura sans doute jamais. On sonne, la lourde porte s’ouvre. Il n’est pas encore minuit, nous sommes quasiment les premiers. Les pierres apparentes qui font le charme du quartier côtoient des revêtements en bois et brique. Sombre, masculin. Surtout des fauteuils clubs en cuir brun et des tonneaux en guise de table, clin d’œil aux litres d’alcool transportés dans ce conditionnement de choix.

Les tauliers ne sont autres que Karl et Avedik, également propriétaires du Trokson. Ce temple du rock fermant ses portes à une heure du matin, au grand désespoir des clients qui traînent la patte chaque soir pour partir (au grand désespoir des voisins, du coup), il fallait faire quelque chose. « Par respect pour les voisins, une heure pour le Trokson c’est suffisant » indique Karl. « Avec mon associé on avait depuis des années en tête l’idée d’ouvrir un after club rock, cela fait quatre ans qu’on cherchait un lieu. » Brillante idée, d’autant plus que le concept n’est pas vraiment développé par ici. Ils finissent par investir une ancienne boîte de nuit, aux murs roses qu’ils s’empressent de recouvrir. « C’était pas beau » dixit Karl, mais le lieu présente l’avantage d’être déjà insonorisé et proche du Trokson : une dizaine de minutes à pied. Pratique quand on ne marche plus tout à fait droit.

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Côté programmation, c’est évidemment très rock, dans sa conception la plus large possible. « On s’intéresse au panel de tous les styles musicaux qui tournent autour du rock’n’roll », ce qui donne un spectre assez large. Avec une programmation de DJs uniquement, les concerts restant réservés au Trokson. « Mais c’est le même réseau, à vrai dire on est déjà submergé de demandes. C’est tout simplement la continuité de notre passion, déjà développée avec le Trokson. » Complémentaire, répondant à une demande de la part du public lyonnais : le Bootlegger tape dans le mille.

Très intéressé par l’époque de la prohibition, Karl s’est beaucoup documenté avant d’ouvrir le lieu. Pour le décor d’une part mais aussi la carte : ainsi quelques cocktails se devaient d’y figurer. « Les cocktails ont été inventés à cette époque car l’alcool était mauvais : souvent frelaté, il était imbuvable pur. » Et vas-y que je te rajoute du sucre et des fruits pour faire passer l’alcool à brûler. Malins les Américains. Évidemment, Karl et Avedik ne poussent pas le vice jusqu’à refourguer de l’alcool frelaté. Mais ont tenu à proposer les recettes emblématiques de l’époque, comme le Old fashioned (whisky, sucre, angostura bitters, orange, eau gazeuse) ou le Ward eight (whisky, citron, grenadine, sucre, orange). Idem pour les shooters, qui nous ont causé une chute mémorable un peu plus tard ce soir-là. Bien sûr que c’est à cause des shooters.

Bootlegger
113 quai Pierre Scize, 5e
Du mercredi au samedi de 23h à 6h

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