Pop / Petit prodige pop lyonnais et maître dans l'art du teasing, Victor Roux aka Grimme l'est aussi dans celui de la composition et des arrangements. Après avoir fait mariner ses suiveurs, il livre enfin un premier album lumineux : The world is all wrong but it's all right.
Voilà deux ans que Grimme tourne sur nos radars, entre présélection aux Inouïs du Printemps de Bourges, EP impeccable, concerts aventureux (une date à Bizarre! avec un orchestre de quarante musiciens), et un art du vidéo-clip et de l'artwork plutôt avancé, censé vous circonscrire un univers.
Deux années passées à l'affût d'un premier long format synonyme de nouvelles chansons, qui ont su se faire attendre. Or voilà que la chose arrive enfin puisque le dénommé Victor Roux a accouché de The world is all wrong but it's all right.
Accouché c'est bien le mot puisque sur le premier titre, celui qui donne son intitulé à l'album, on peut entendre un nourrisson pleurer au second plan d'un morceau qui, entre tocades de pianos et cuivres éplorés quasi morriconiens, promet le meilleur pour la suite. À savoir : onze morceaux impeccables, série ininterrompue de gestes pop réussis. Définition à l'emprunt fitzgeraldien pour cerner une personnalité musicale et la classe qu'elle se trimballe.
Machine à rêves
Car si Grimme maîtrise l'art de la composition, il maîtrise aussi celui des arrangements, violons piqués et bruines de harpes qu'on introduit par une porte dérobée, chœurs séraphiques relevant une certaine mélancolie de vibrations positives (From the birds), ondes Martenot à l'invocation d'un univers ovniesque sur le sublime Lordship Lane qui lorgne du côté de chez Danny Elfman, compositeur de BO.
Le cinéma : une obsession référentielle de cet homme en noir (et blanc) qui, fabriquant des sons et des images, puisqu'il publiera chaque mois un clip par chanson, crée surtout des images avec des sons : une machine à rêves pas si éloignée de celle de Brion Gysin mais augmentée en multimédia.
Des histoires de marin (Sail on), des histoires d'amour (idem), des histoires d'espoir, Grimme est, comme son nom pourrait l'indiquer, un conteur de premier ordre. Et son disque une succession de belles histoires qui nous ferait presque croire que le monde ne va pas si mal. Du moment, comme l'écrivait Leonard Cohen, qu' « on a la musique », « we can be happy and feel the sun » complète Grimme.
Grimme
Au Toï toï le zinc le vendredi 31 mars
Concert privé en appartement le vendredi 7 avril
The world is all wrong but it's all right (Hot Puma)