Extra Austra à l'Épicerie Moderne

Austra + Pixx

Épicerie Moderne

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Electro Pop / Austra, incarnation collective du talent de Katie Stelmanis, fait une halte mercredi 12 avril à l'Épicerie Moderne, à peine trois mois après la sortie d'un magistral album, Future Politics.

Katie Stelmanis a ce petit quelque chose de glacé, de piquant et d'addictif, qui nous rappelle une chanteuse/productrice du début des années 90... Mais elle vient de Toronto, au Canada. Pas d'Islande. Ça reste peu tropical, géographiquement. Mais celle qui se planque derrière un presque-groupe sous le nom d'Austra, accessoirement son second prénom, nous rappelle un peu, beaucoup, passionnément la Björk de Debut, en 1993... Mêmes arrangements soignés mêlant l'héritage pop et les rythmiques électroniques, au service d'une voix cristalline chez l'ancienne Sugarcubes, beaucoup plus ample chez la Canadienne.

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On pense aussi à Zola Jesus, inexorablement (la reverbe sur la voix, sans aucun doute). À Siouxsie et Cocteau Twins, pour le côté dark qui parfois s'en échappe. Voire à Kate Bush, qui a bercé son enfance. Surtout, l'on sent une confiance inébranlable dans cette voix travaillée depuis l'enfance, depuis ses dix ans, au sein du Chœur d'enfants de l'Opéra canadien. Elle apprend alors en parallèle le piano. Studieuse et sage, Katie se consacre entièrement à l'apprentissage de la musique classique.

Car la future Austra s'est d'abord entièrement plongée dans la "grande musique", le lyrique cher à Mozart, à Puccini, qui l'obsède. Peut-être l'ascendance paternelle, qui est italienne, lui appartant ce côté drama-queen ? Toujours est-il que jusqu'à ses 18 ans, elle se destine à devenir chanteuse d'opéra. Soprano ! Âge où elle prend quelques mois pour elle avant d'entrer à la fac, et découvre la pop, le rock, de Radiohead à Björk, on y revient, le monde et... les filles.

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Là s'affirme un autre engagement : le féminisme. Et s'ajoute la vie de groupe. Elle rejoint les riot girls de Galaxy, avec Maya Postepski and Emma McKenna, qui publieront un album, I Want You to Notice, en 2006. Se découvre lesbienne à vingt ans. Ne s'en cache pas une seconde. Avant de se lancer en solo, et par là-même de lâcher le son rêche du punk pour celui plus expérimental de l'électro (comme... ah oui, on l'a déjà écrit plus haut) : après quelques pistes sous son nom de baptème, ce sera sous celui d'Austra Feel It Break, vite remarqué. Elle collabore même dans la foulée sur trois titres avec Death in Vegas. Nous sommes alors en 2011.

Dans la foulée, s'enchaînent les concerts entraînant le retour à une formule groupe. Mais cette fois c'est elle qui dirige, produit et chante. Naît dans la foulée Olympia, second opus, en 2013. Avant Future Politics, sorti le 20 janvier dernier, toujours sur le label anglais Domino, qui la suit depuis ses débuts. Où elle continue de régler quelques histoires personnelles, mais surtout s'engage corps et âme, comme l'illustre le titre en forme de manifeste. À l'heure où trop d'artistes ont peur de perdre des likes ou d'attiser la foudre de certains de leurs fans sur les réseaux sociaux, c'est salutaire d'écouter ainsi Austra revendiquer l'acte politique, la quête d'utopies, parler d'économie et de profit dans ses interviews (Cf. Les Inrocks du 11 janvier 2017) comme d'environnement (le titre Gaia).

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Anticapitaliste, écologiste, militante LGBT, féministe, darkwave et synth-pop : Austra, c'est un peu tout ça.

À Cheek Magazine, elle a déclaré que l'influence principale de ce disque était le livre d'Alex Williams et Nick Srnicek, Inventing the Future, Postcapitalism and a world without work. Tout un programme, également intensément nourri par ses voyages : elle a vécu pour préparer ce disque aussi bien à Montréal qu'au Mexique, durant six mois.

C'est aussi le premier album où Katie Stelmanis s'investit réellement sur l'écriture des textes, ne leur ayant pas accordé la moindre importance sur le premier album, avant d'écrire ceux d'Olympia en compagnie de Sari Lightman, l'ancienne choriste. Cette fois, Katie s'est plongée aussi bien dans la science-fiction féministe pour le fond que dans la poésie (Adrienne Rich) pour la forme. Ça se ressent. Anticapitaliste, écologiste, militante LGBT, féministe, darkwave et synth-pop : Austra, c'est un peu tout ça, mais c'est surtout de la lumière, de l'utopie et de l'espoir dans un monde qui en a tant besoin. C'est sans doute la première œuvre capitale et rebelle d'une ère trumpienne qui en appelle d'autres.

Austra + Pixx
À l'Épicerie Moderne le mercredi 12 avril

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