Théâtre / La promo du Conservatoire de Lyon s'empare cette semaine de quatre Molière en tirant leurs rôles au sort. Qu'est-ce que ce théâtre fleuve ?
Molière, oui, mais « de Vitez ». Entendez par-là les versions du metteur en scène, acteur et pédagogue Antoine Vitez, montées en 1978 et 79 avec les élèves du Conservatoire national de Paris. Gwenael Morin a repris ce modèle : des comédiens, juste des comédiens ; ceux du Conservatoire régional de Lyon. Cette aventure-là débute en 2013. Et voici qu'après trois ans de jeu, et notamment parce que leur passage unanimement salué aux Amandiers-Nanterre en janvier 2016, a entraîné des sollicitations pour poursuivre l'aventure, ce groupe cède sa place aux nouveaux diplômés sortis il y a moins d'un an de cette formation.
C'est avant tout une histoire de passation, dont Gwenael Morin est resté éloigné, laissant à Philippe Mangenot le soin de piloter la suite. En juin dernier, alors qu'ils valident leur diplôme d'études théâtrales, les douze étudiants reçoivent cette proposition de continuer à travailler ensemble et les rôles de Tartuffe, Dom Juan, Le Misanthrope et L'École des femmes leur sont attribués par tirage au sort. Les genres s'effacent derrière la puissance du texte. Voilà pour le postulat de départ.
Deux et deux sont quatre
Marine Behar, qui figure au générique, se souvient de ce moment comme étant « stressant » mais, rapidement, elle dit s'être rendu compte que « les gros rôles (ndlr: elle est Arnolphe dans L'École des femmes) sont aussi importants que les petits (ndlr: elle joue également Don Carlos dans Dom Juan ou Arsinoé dans Le Misanthrope). Arnolphe c'est une traversée, il est tout le temps sur le plateau mais lorsque je joue deux scènes, tout doit être très précis, car ces personnages sont indispensables à l'équilibre du texte. Et c'est compliqué d'attendre deux actes en coulisses, jouer et repartir. » Les comédiens jouant ses rôles lui ont transmis leur travail au cours de plusieurs sessions organisées tout au long de leur tournée, où Marine les a regardé répéter et jouer ; parfois elle les a suivi à la trace comme une doublure pour mieux s'imprégner de leur jeu.
« C'est assez formateur : il faut essayer de refaire comme l'autre et, en même temps, se l'approprier. » Et reconstituer toutes les pièces du puzzle que chacun porte en fonction de sa tâche. Reste à voir comment cette jeune troupe trouve une hétérogénéité dans ce mille feuille théâtral, dont les fondements ont maintenant 40 ans, quand cette jeune et douée génération était bien loin de voir le jour.
Les Molière de Vitez
Au théâtre du Point du Jour jusqu'au 29 avril
(mercredi 26 : Tartuffe - jeudi 27 : Dom Juan - vendredi 28 : Le Misanthrope - samedi 29 : intégrale)