House / Créateurs du réseau de social digging La Chinerie, d'un label et du premier festival 100% collaboratif, G'Boï & Jean-Mi assènent en sus des sets pointus où leur science du groove contagieux fait des merveilles. Surveillez-les : ils seront un peu partout pendant Nuits Sonores, sur la grande scène de la Nuit 3, au Sunday Park ou encore pour un Extra! version zonards. Explications avec Anthony (G'Boï) et Quentin (Jean-Mi).
#Baskets
Anthony : On s'est rencontré à Confluence, on bossait tous les deux dans un magasin de vêtements et baskets, Hollister. On s'est rapproché par le rap, on est devenu potes et on a lancé une asso, je venais d'acheter deux platines. Ensuite, on s'est mis en coloc' et on a monté le groupe Les Chineurs de House. La Chinerie a commencé tout simplement... On a mis nos études entre parenthèse à ce moment-là.
#G'Boï & Jean-Mi
Quentin : Notre première date, c'était au Djoon à Paris, en février 2016. Joli club pour commencer ! Anthony mixait tout seul avant, c'est lui qui m'a appris.
#Influences
Quentin : On est devenu potes grâce à notre passé de diggers dans le hip-hop. On organisait des apéros hip-hop chez Anthony, qui se sont transformés en mixes. Petit à petit, on a glissé vers la musique électronique et notamment la house. Ce sont deux musiques créées par les Noirs américains dans les années 80, qui utilisaient les mêmes samples de disco et de funk. J'ai trouvé des similitudes. Dans nos sets, il y a beaucoup de funk, de disco, de house. On va aussi jouer de la techno sur la fin. C'est une évolution. On ne se donne pas de limites.
Anthony : On essaye juste d'avoir un dialogue avec le public. On est beaucoup à Lyon à avoir cette mentalité, à vouloir jouer à la fois de la house, de la techno, du hip-hop. On est là pour partager et on est influencé par plein de choses. C'est aussi dû à des clubs comme Le Sucre et le Terminal. Quand on sort à Lyon, on est confronté à plein de sonorités, d'autant que l'offre est moins grande qu'à Paris.
Quentin : Ça n'a rien à voir avec Lyon à mon avis, c'est notre personnalité, on aime jouer des sons différents, comme l'illustrent nos différents groupes de chineurs.
#La Chinerie
Quentin : Ça a commencé par des soirées dans un bar, le 42. On voulait ramener de la house dans ce lieu pas du tout fait pour ça. Pour se créer une petite communauté de passionnés, on a créé un groupe Facebook, Chineurs de House. De ce groupe qui a super bien marché, contrairement aux soirées, est né La Chinerie. On a ensuite créé d'autres groupes : Chineurs de hip-hop, Chineurs des origines, Beau Mot Plage pour la minimale, Ramen break pour la jungle, Mélodies from Mars pour l'ambient... Puis le label, les soirées, le disquaire... On a 100 000 membres sur tous les groupes, dont 30 000 pour Chineurs de house. On a des administrateurs qui modèrent ces groupes : on met un filtre. On ne poste pas n'importe quoi. Le contenu doit rester intéressant.
Anthony : Nous sommes une soixantaine à gérer ces groupes. Avec Quentin, on coordonne l'ensemble. On propose aussi des journées à thème, un sous-genre dans la house, un focus sur un label... La team est dispatchée sur toute la France.
#Les DJs de La Chinerie
Quentin : C'est un projet ouvert à tout le monde, mais nous sommes sélectifs sur qui peut nous représenter avec le nom La Chinerie. Ce sont plutôt les administrateurs des groupes, des gardiens de l'esprit musical.
#Label
Quentin : On a toujours eu en tête cette idée. Nous ne sommes pas producteurs de musique. On repère des artistes. Notre première sortie, c'était en février 2016, Nation House. Ensuite est venue la techno. On vient de monter un nouveau label, Comic Sans, pour sortir tout ce qui n'est pas dans les cases classiques. Le label techno est géré par Samy. Et on a un label nommé Origines pour les rééditions.
#Sweely
Anthony : Il vient de Nice et s'est installé à Lyon. C'est un jeune scientifique assez fou, hyper créatif et productif : à l'époque où l'on bossait sur son EP, qui a super bien marché, il nous envoyait un morceau par jour. C'était à chaque fois de très bonne qualité. Il avait posté sur le groupe pour le "producer day" un morceau à lui, ce sont des journées dédiées aux producteurs tous les deux mois. Ce morceau a été signé par Pont Neuf Records, et on a sorti le suivant, son premier EP solo. Il doit signer prochainement sur le label de Concrete.
Quentin : C'est notre fierté, car il a émané de tout ce que l'on fait. Mais lui je ne pense pas qu'il se revendique de notre communauté, il est dans sa bulle.
#Nuits Sonores
Quentin : On est super contents. On n'a qu'une heure : à deux, ça passe très vite, ça fait sept morceaux chacun. Et on joue au tout début... Mais rien que le fait d'être sur l'affiche, c'est hyper cool, on est vraiment reconnaissants.
#Extra!
Quentin : Sauce Terter ! C'est pas vraiment nous qui l'organisons. On a délégué cet Extra! à une asso locale qui s'appelle Chineurs de Lyon. On a monté plein de petites associations locales en France : pour que les gens qui se rencontrent dans les groupes se rencontrent aussi dans la vraie vie, autour d'une bière et de quelques vinyles. Cet Extra! vient d'un off que l'on avait fait l'an dernier, Nuit Zonard, un clin d'œil au festival. Ils sont repartis sur le même délire en poussant un peu plus loin, c'est un hommage à la culture de banlieue.
#Sunday Park
Anthony : On s'occupe de la bourse aux disques, de midi à 20h. On réunit vingt stands d'exposants, dont nous. Avec des labels, des itinérants, des shops comme Chez Émile.
#Festival La Chinerie
Quentin : On a toujours voulu réunir les gens autour d'un événement. On a commencé par les soirées, mais on s'est dit que la communauté était assez mature pour faire quelque chose de plus grand. On l'a lancé en décembre : c'est un festival participatif, ouvert à tous ceux qui veulent rentrer dans le projet. On travaille par Internet avec des gens qui ne se connaissaient pas. On ne s'organise que par le Net, avec des outils comme BaseCamp, un logiciel de gestion de projets, on fait des réunions vocales sur Discord. On a fait des équipes bien séparées : technique, communication... Forcément, on a cherché à avoir un financement participatif aussi. D'où le KissKissBankBank, qui était assez mal parti : à deux jours de la fin, notre objectif de 50 000 € était loin, on était à 30 000 € et on n'y croyait plus. On avait préparé le message de défaite. Et le dernier jour, ça a décollé : on a récupéré 30 000 € en quelques heures. Ça se passera à Paris en septembre.
#Nicolas Hulot
Quentin : On part facilement dans des délires... On est très éco-responsable sur le festival, on a pensé à Nicolas Hulot, on lui a demandé d'être parrain du festival mais il était trop occupé.
#Engagement
Quentin : Au niveau de l'écologie, on est conscients des enjeux à venir, sans doute les plus importants pour l'humanité au 21e siècle. On est sensible à ces questions. On ne veut pas engager La Chinerie, mais personnellement avec Anthony on est très engagé politiquement aussi. Quelquefois, on a des retours : des gens qui nous demandent de ne pas mêler musique et politique... Je ne pense pas le faire, je sépare politique et musique, mais d'un autre côté la musique que l'on défend, elle est très politique car sur un dancefloor tu retrouves tout le monde : qu'importe l'origine sociale ou géographique. Ce n'est pas du tout incohérent d'être artiste et politique.
#Humour
Anthony : C'est surtout qu'on n'avait pas les moyens à nos débuts, et pour l'un de nos premiers événements, on ne voulait pas se priver de graphiste. Du coup Quentin ouvre Paint et fait un dessin d'enfant pour le visuel... C'était complet, on n'a pas pu accueillir tous les gens dans le Biztoo Fly. C'était cool ! Du coup, on a fait un concours de Paint pour une date au 42, trois semaines plus tard : c'était blindé.
Quentin : On est décomplexés avec ça. Ça se ressent dans notre communication : on parle sur notre page comme avec nos potes.
G'Boï & Jean-Mi
Dans la Halle C le vendredi 23 mai (Nuit 3) de 21h30 à 22h30
Extra! Sauce Terter
Sur la péniche Loupika le dimanche 21 mai de 14h à 1h
Bac à Srabs
Sur LYL un mardi par mois de 17h à 18h, prochaine le 6 juin