Afro Funk / Le légendaire Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou fait une halte au Ninkasi : l'occasion pas si fréquente de voir l'un des plus passionnants représentants de l'âge d'or du funk africain dans une salle lyonnaise.
Au mitan des sixties, au fil des indépendances, l'Afrique de l'Ouest voit naître nombre d'orchestres qui vont accompagner le mouvement d'émancipation politique et dynamiter les codes musicaux, profitant des vinyles qui débarquent dans les sacs de marins ou les valises des voyageurs : de Johnny Halliday à Jimi Hendrix en passant par James Brown, les influences sont larges et nourrissent les set-lists de ces groupes habitués à jouer de longues heures pour animer clubs et hôtels.
Ce qui explique l'infinie variété des styles abordés par le Tout Puissant Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou, légendaire association de maîtres du beat et du funk actifs depuis plus de cinquante ans - les débuts datent de 1966. Calme-toi, Mick Jagger ! Car le Tout Puissant (remis en selle par une journaliste fureteuse partie à leur recherche au fin fond du Bénin en 2007 - Élodie Maillot, pour France Culture), en a profité pour s'offrir une carrière internationale qui les boudait jusque-là, et allonger une liste de productions discographiques déjà démentielle (on parle de plus de cinquante albums) que le très précieux label Analog Africa a entrepris de dépoussiérer et de faire connaître par ici (chez Sofa Records, vous dénicherez la plupart de ses rééditions soignées pour vous faire une idée ; les originaux faisant frémir les diggers les plus endurcis).
À sa grande époque africaine, l'Orchestre Poly-Rythmo partageait la scène avec Fela Kuti, Myriam Makeba ou encore Manu Dibango. Avant de sombrer dans un certain oubli au fil des années 80, paraissant un peu désuet aux jeunes générations. Mais ce son fait de funk, d'afrobeat, de vaudou béninois voire de rumba congolaise ne pouvait périr et Tout Puissant, il trouvera sur sa route... les écossais de Franz Ferdinand, eux-aussi interviewés par la journaliste et fans du groupe oublié : les deux groupes finiront par enregistrer un titre en commun. Angelique Kidjo, également, pour Gbeti Madjro, comme dans une boucle du temps : la chanteuse avait débuté... dans la cour où se réunissait le Poly-Rythmo. Qui n'en finit plus de tourner partout, avec un personnel en partie renouvelé (le guitar-héros Papillon n'est plus, comme le chanteur Eskill Lohento) sans perdre une once de sa fougue et de son immense talent.
Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou
Au Ninkasi le jeudi 15 juin