"I Am Not Madame Bovary" de Feng Xiaogang : Sans autre forme de procès

I am not Madame Bovary
De Feng Xiaogang (Chin, 2h18) avec Fan Bingbing, Guo Tao...

L’histoire d’un combat juridique, solitaire et féminin contre l’administration chinoise ; mais aussi un pied-de-nez esthétique contre la tyrannie invisible des formats classiques. Au finale, une belle fresque maniant dans le même geste élégant sarcasme et émotion.

Six mois après un divorce bidon destiné à lui faire obtenir un meilleur appartement, Li Xuelian réclame que le tribunal déclare le jugement illégal mais le confirme — son coquin d’époux s’étant recasé ailleurs. Déboutée, l’obstinée Li va d’échelon en échelon, jusqu’à Pékin. Dix ans durant…

à lire aussi : "Anna" de Jacques Toulemonde : Maman a tort

Une femme du peuple luttant avec entêtement pour son bon droit face à l’administration chinoise… La procédurière Li Xuelin ressemble beaucoup à la Qiu Ju dans le film homonyme de Zhang Yimou (1992) : à la base, son affaire paraît dérisoire ; elle prend pourtant peu à peu des dimensions éléphantesques, la plaignante refusant (à raison) toutes les solutions “amiables”. Révélant les failles d’un système mangé par la corruption, elle parvient malgré elle à renverser la table, en dépit des nombreuses tentatives ourdies par les autorités pour la faire renoncer — certaines stupides, retorses, d’autres d’une perversité rare.

Nul n’est besoin d’être juriste pour apprécier cette réussite de Feng Xiaogang : son portrait de femme déborde de rebondissements, souvent drôles, jusqu’à un épilogue totalement désarçonnant. Sur cette trame initiale sèche comme un alinéa de Code civil, il tisse des personnages d’une formidable finesse en particulier dans leur mesquinerie (ah, la servilité des petits chefs ; ah, la bêtise des chefs se croyant malins !) en respectant un parti pris formel aussi déroutant et culotté ab ovo que splendide : circonscrire toutes les séquences “campagnardes” dans le périmètre d’une image circulaire, et enfermer celles se déroulant à la capitale dans le cadre rigoureux d’un carré. Deux figures géométriques régulières pour marquer, notamment, des perceptions différentes de la régularité — ou l’art de s’accommoder de la régularité. Quand une contrainte esthétique bien pensée soutient la structure narrative…

de Feng Xiaogang (Chin., 2h18) avec Fan Bingbing, Guo Tao, Da Peng…

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X