Café-Théâtre / Avec l'air de ne pas y toucher, entre flegme surjoué et formules qui font mouche, Aymeric Lompret signe un one-man acide.
Une chanson guillerette, mais qui prédit la fin du monde (Gérard Palaprat dans les enceintes) sert d'entame à un spectacle qui ne contient pas un brin d'optimisme. Aymeric Lompret n'est pas là pour ça. Ça va être long, nous dit-il. Il va falloir pour lui et pour nous tenir une heure. Et de décompter au fur et à mesure ce qu'il lui reste... Voilà pour l'ambiance.
Il est déprimé, largué de son boulot et par sa copine, et cuve une dépression, bière et vodka à la main, fustigeant au passage de façon un peu facile les psys qui ne sont tout juste bon qu'à vous piquer 50 balles. Un thème déjà développé au sein de l'un de ses plus de trente passages dans le sacro-saint télé-crochet de Ruquier, On ne demande qu'à en rire, où il officia entre 2013 et 2015. Il en recycle d'autres dans ce spectacle, qui malgré une absence claire de colonne vertébrale tient assez solidement la route.
« Aymeric, Ayyymeric, Aymeriiiiiccccc ! »
C'est quand il dézingue en trois-quatre mots, nous épargnant des discours convenus et professoraux sur la société, qu'il est le plus convaincant. Parce que (véritable conviction plutôt qu'effet de style), oui, « y'a pas la crise, y'a les riches et les pauvres et une classe moyenne inventée », oui les inégalités se vérifient dans cette aberration que sont les classes dans le train et les écarts de 6€ entre marques de PQ, et qu'à Courchevel, quand il a évoqué les ouvriers « ils ont cru que c'était une nouvelle piste de ski. »
Ce Lillois pas encore trentenaire, qui a signé les premières parties du Comte de Bouderbala ou du réjouissant Pierre-Emmanuel Barré avec qui il partage le goût du trash, se paye avec justesse la tête de son confrère Gad Elmaleh dont le prix de la place atteint 70€, « enfin, c'est pas mon collègue, je suis pas banquier. » Et confie qu'il aurait bien voulu devenir CRS, « mais j'ai eu l'idée en CM2, j'avais déjà fait trop d'études. »
Il contredit là avec brio la lascivité du personnage qu'il s'invente, faisant parfois écho à la puissance comique de Monsieur Fraize.
Aymeric Lompret
Au Complexe du rire jusqu'au 16 septembre