Daniele Rustioni : andiamo !

Moussorgski / Tchaïkovski

Opéra de Lyon

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à l'Opéra / Il a 34 ans, et un CV à faire pâlir les chefs d’orchestre les plus aguerris. Il arrive à l’Opéra de Lyon comme chef permanent. Il s’appelle Daniele Rustioni. Jeune, mais d’une incroyable maturité artistique et humaine. Il parle de son métier avec un respect total pour les musiciens de l’orchestre.

Dans quel état d’état d’esprit vous trouvez-vous juste avant votre prise de fonction comme chef d’orchestre permanent à l’Opéra de Lyon ?
Daniele Rustioni : C'est un endroit très important pour moi, autant que l’Opéra de Paris. Tous deux offrent au public un très grand répertoire. J’aime l’Opéra de Lyon pour les différentes esthétiques qu’il propose et aussi pour ses productions contemporaines. On peut venir ici écouter des musiques très diverses en termes de répertoire, mais aussi en termes de mise en scène. Ce que j’apprécie également, c’est que pour chaque production, on a du temps… c’est précieux et rare. Être chef d’orchestre, c’est un métier fantastique. J’aime diriger les musiques du 19e siècle, le romantisme italien, français, russe et allemand. J’espère pouvoir diriger un jour le répertoire contemporain français.

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Pourquoi cet amour pour le répertoire romantique ?
Ce répertoire a été mon premier choc esthétique à la Scala de Milan, j’avais neuf ans, je chantais dans le chœur d’enfants. J’ai entendu à ce moment là tout l’opéra italien. Le répertoire du 20e siècle doit être dirigé de manière extrêmement précise, tout est écrit finement, tandis qu’au 19e tout est plus subjectif et pour moi, c’est beaucoup plus simple. Plus simple même que le Bel Canto. Pour donner un autre exemple, je dirais que l’opérette est une forme musicale très difficile à diriger, il faut que tout soit très clair, très précis. Une Nuit à Venise de Johann Strauss est une œuvre d’une grande valeur musicale. Vous devez avoir de très bons chanteurs/acteurs pour ne pas tomber dans le kitsch. En tant que chef, vous vous devez de diriger cette musique avec grande élégance et sensibilité.

Parlons interprétation. Dans votre première approche d’une œuvre, comment décidez vous d’un bon tempo ? D’une couleur d’orchestre ? D’un rythme à appuyer là plutôt qu’ici ?
J’ai la chance d’avoir été répétiteur à la Scala de Milan et d’avoir été pianiste. J’ai donc beaucoup travaillé avec des chanteurs et maintenant, lorsque je prépare un opéra, je chante toutes les parties. Le bon tempo dans un opéra est plus facile à trouver que dans une symphonie. Le bon tempo, c’est la respiration et la diction qui l’imposent. Lorsque j’ai des doutes, je chante et je trouve. La difficulté dans l’opéra, c’est que rien n’est a tempo, on doit constamment suivre les chanteurs : c’est fascinant et compliqué à la fois. Lorsque je chante, cela m’aide à créer mon propre chemin vers l’interprétation qui me va. Je n’aime pas l’idée du chef qui impose tout, on doit tous s’écouter, je ne dois rien imposer, je suis conscient que je ne peux rien faire seul. Je dois créer un bon environnement pour que tous nous puissions travailler dans l’écoute et le respect de chacun, je ne suis pas là pour faire juste « un, deux, trois… c’est parti. »

Quelle place laissez vous aux metteurs en scène avec lesquels vous travaillez ?
Je ne suis pas contre le modernisme, je suis contre ce qui va à l’encontre de la musique. La musique a un temps propre, véhicule des émotions et j’aime qu’un metteur en scène soit également convaincu que la musique est là en premier. L’opéra ne doit pas être un musée, il doit y avoir une recherche de l’esthétique parfaite, d’une certaine cohérence entre la musique et la mise en scène. Je n’oublie jamais que tout le monde doit être dans le même bateau : orchestre, chanteurs, moi-même et le metteur en scène. À douze ou treize ans, je savais que je voulais être un musicien ou du moins travailler dans le milieu du théâtre, de l’opéra, c’était mon rêve alors… je suis heureux aujourd’hui !

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