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Pass culture : Ce qu'en pensent les jeunes

Accès à la culture / 500 euros pour chaque personne de 18 ans, à dépenser à sa guise dans le secteur culturel : c'est le projet du gouvernement pour la rentrée prochaine. Qu'en pensent les intéressés ?

« Punaise ce serait ouf ! » Albane, 18 ans, aime l’idée d'un pass culture : « J'irais très souvent au cinéma, je pourrais plus facilement rentrer dans un musée où l'entrée est payante pour les majeurs sans me dire "avec ce fric j'aurais pu sortir à la place". Lorsque le budget est restreint, je favorise les sorties et les verres. J'irais dans les festivals de musique qui durent trois jours ! »

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Le gouvernement a annoncé vouloir mettre en place ce pass culture pour les jeunes de 18 ans, sous la forme d’une somme de 500€ à dépenser en cinéma, musique, spectacles, musées et monuments, livres… C’était l’une des promesses de campagne d'Emmanuel Macron, qui souhaite développer une politique d’accès aux arts. Françoise Nyssen, ministre de la Culture, a annoncé le 27 septembre dernier vouloir lancer des « expérimentations » dès l'an prochain et 5 millions d'euros sont d'ores et déjà provisionnés pour cela.

Peu d’informations concrètes sur la mise en pratique de ce pass inspiré d’un modèle italien, mis en place en 2016 par le président du Conseil Matteo Renzi, circulent, et les différents responsables de salles culturelles que nous avons interrogés préfèrent rester silencieux. Le gouvernement assure que le financement sera partagé et qu’il n'en prendra en charge qu’une petite partie, le reste étant payé par les structures qui en bénéficieraient (les distributeurs, diffuseurs, plateformes en ligne) et les Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon), ce qui laisse pas mal de flou, ne serait-ce qu'au regard de la fiscalité de ces dernières.

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"Ce serait ouf !"

Nous avons interrogé des jeunes de 18 à 21 ans, étudiants ou pas, pour connaître leurs avis et leurs préoccupations sur ce sujet. Bien sûr, cet “argent de poche” dédié aux sorties culturelles provoque des réjouissances, pour Albane ou encore pour Clémence, 20 ans : « En tant qu’étudiante, je n’ai pas beaucoup d’argent et c’est vrai que je préfère le conserver pour aller boire un verre avec des copains ou partir en vacances. Je ne vais pas trop au musée, mais ça me servirait dans le cadre des vacances. Est-ce que ce pass serait utilisable dans l’Union Européenne ? Ça pourrait être bien pour permettre aux jeunes en vacances ou en Erasmus de pouvoir pleinement connaître la culture, l’architecture, l’Histoire du lieu où l’on part. »

Albane confirme : « Si c'était possible, je l'utiliserais lors de voyages, mais je ne crois pas que ce le soit. » Sa sœur Camille (19 ans) surenchérit : « des voyages en France pour découvrir le patrimoine ! »

La question du numérique arrive sur la table : « Maintenant, on peut regarder des films en streaming, lire des livres électroniques, voir des photos d’œuvres sur Internet. Même si ce n’est pas la même chose, ça donne moins envie d’aller dépenser des sommes élevées. On a grandi dans une nouvelle ère qui nous a fait perdre un peu ce rapport direct à la culture "classique" » analyse Clémence.

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"J'essaierais de le revendre !"

En Italie où le dispositif a déjà été mis en place, certains jeunes ont revendu leur pass pour une somme moins importante mais en cash : « j'essaierais de le revendre aussi ! » plaisante Jules, 20 ans. « Pour acheter des jeux vidéo. Sinon, je m'achèterais des BD ou j'irais au ciné. »

Des questionnements sur le financement, le montant et surtout la priorité du dispositif émergent : « Je trouve que ça fait beaucoup d'argent pour payer les sorties des jeunes et que ce n'est pas le rôle de l'État. Il y a des gens qui dorment dans la rue. Mais si c’est financé par les structures qui en bénéficient, ça ferait tourner l'argent donc c'est intéressant. » poursuit Jules. Antoine, 20 ans, enchaîne : « C’est sûrement très bien, mais 500€ c’est une grosse somme ! Je ne pense pas que je l’utiliserais entièrement. Je préférerais une somme pour aider à payer les études, même s’il existe déjà des bourses. Ou alors il faudrait s’assurer que ça fasse marcher les petites structures, par exemple les petits cinémas et pas que les multiplexes. » Clémentine, 20 ans, renchérit : « C'est cool sur le principe de rendre la culture plus accessible. Je l'utiliserai personnellement pour aller plus au théâtre, voir des concerts et des expos... Maintenant 500€ ça me semble un prix délirant, trop élevé. 100€ serait déjà une super bonne marche. »

"500 euros, comme ça ?"

"Une blague" pour certains étudiants : « Ça dépend, combien de temps ce serait valable ? » demande Colin, 21 ans. « À mes 18 ans, si j'avais reçu 500€ en bons d'achat culturel, j'aurais eu peu les moyens de les dépenser, en terme de temps libre et en terme de connaissances sur le type de choses dont j'aurais pu profiter. Après réflexion, je pense que je l'aurais surtout vécu comme une blague qui serait venue s'inscrire dans le gros cliché des étudiants de prépa qui ont peu de vie sociale et de temps libre. Après, si le pass reste utilisable quelques années, tout le monde sera en mesure d'en profiter. »

Juliette, 19 ans, est d’accord sur le principe aussi mais questionne le moyen : « Favoriser l’accès à la culture en donnant 500€, comme ça ? À 18 ans, on est jeune, on commence juste les études, je viens de la campagne où il y a peu d’institutions culturelles... Il faudrait qu’on soit informés, sensibilisés. J'aimerais bien avoir des cours d'histoire de l'art par exemple. Je trouve ça intéressant, mais si je pense à la globalité, beaucoup d'étudiants préféreraient avoir plus d’aides pour payer un loyer ou aller au self. Ce serait peut-être plus intéressant de réformer les institutions en baissant les prix ou en proposant la gratuité pour les étudiants directement. »

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