de Gaël Morel (Fr, 1h43) avec Sandrine Bonnaire, Mouna Fettou, Kamal El Amri...
Solitaire, n'ayant plus guère de lien avec son fils, Edith est touchée par un plan social. Plutôt que d'accepter une prime de licenciement, elle demande à être reclassée dans une usine textile du même groupe au Maroc, très loin de son Beaujolais.
Espérant trouver dans l'éloignement géographique et l'affection d'étrangers ce qui lui fait viscéralement défaut — l'amour de son fils (égoïste et homosexuel) — Sandrine Bonnaire est ici bien triste à voir, dans la peau d'un personnage passif, dépressif et naïf mais aussi victime de gros plans peu flatteurs dès l'ouverture du film. Sa déconfiture ne cesse de dégouliner en suivant des rails aussi rectilignes que les Colonnes d'Hercule.
On ne saurait trop déterminer ce qui motive vraiment Gaël Morel : parvenir au rapprochement tardif entre la génitrice et son fils prodigue ou bien dénoncer pêle-mêle les conséquences de la mondialisation, la précarité des ouvrier·ère·s au Maroc et la sournoise cruauté d'une contremaîtresse sadique. Une chose est certaine : le Droit du Travail tel qu'on le connaissait ne s'applique pas de l'autre coté de la Méditerranée. S'il était sorti avant les élections, ce film cafardeux aurait eu la vertu d'en rappeler aux pêcheurs à la ligne la puissance... et la fragilité.