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La douce amertume de Marie-Anita Gaube

Marie-Anita Gaube

Galerie Françoise Besson

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Peinture / Entre utopie et dystopie, fragments et juxtapositions, mouvements et hors-champs, la dualité des peintures de Marie-Anita Gaube se révèle au fur et à mesure que l’œil s’absorbe et se faufile dans les très grands formats, invitant au questionnement.

Vous avez peint ces toiles cet été. Les couleurs vives, les scènes au jardin, de baignade ou de sieste évoquent a priori joie et légèreté…
Marie-Anita Gaube :
C’est plutôt quelque chose de l’ordre du jeu ou du rituel, que ces personnages vont mettre en place pour essayer de survivre au monde dans lequel ils se trouvent. Je pars souvent de photos, notamment de mes amis, par exemple une photo d’une fête pendant laquelle ils ont décidé de construire un radeau. Il y a quelque chose dans la fête qui est une sorte de renversement du monde. Bakhtine parle beaucoup du carnaval et de la fête et de la manière dont l’humain va renverser l’ordre des choses imposé par les schémas politiques ou autres. Il y a aussi l’idée du rituel, de rite de passage d’un monde à un autre et une forme de résistance, de retour à l’enfance.

Ce sont souvent des toiles à double sens, comme Infested river qui parle de la nature, de la planète qu’on est en train de perdre complètement. Il y a effectivement cette notion de loisir, de jeu, voire de vacances alors qu’en fait ce qui se passe dans la toile et qu’on croyait sympa au départ ne l’est pas du tout. On voit le chien qui alerte presque le personnage de ne pas sauter, l’autre personnage ici qui déverse une sorte d’eau polluée. L’eau revient souvent, j’habite dans un moulin donc je vis sur l’eau et c’est un élément qui me parle beaucoup. Là, il y a aussi le fait de se laver, dans un bain de jouvence qui n’en est pas un. J’aime perdre volontairement celui qui regarde, entre l’utopie et la dystopie.

Meeting Point, le titre de l’exposition, évoque un point de rencontre…
Dans les dernières peintures que j’ai faites, avant cette exposition, il n’y avait plus de personnages et j’ai eu envie de revenir aux personnages et aux groupes. Ces groupes de personnages se retrouvent un peu perdus dans la nature, au milieu de nulle part, ils ne savent pas où ils sont, et ils vont créer quelque chose pour essayer de s’enfuir de là où ils sont, de s’enfuir du monde. C’est aussi en lien avec la manière dont je construis mes espaces, dont je compose mes peintures, où il y a toujours plusieurs scènes dans un même tableau, parfois aussi plusieurs temps qui se recoupent. Donc une rencontre de gens, de temps et d’espaces différents.

Différents personnages, espaces et temps qui se rencontrent pour former un récit ?
Il n’y a pas vraiment de direction, c’est une narration un peu décousue. C’est plutôt une peinture à indices, j’essaie de venir poser une énigme, de perdre en effet celui qui regarde et à la fin mon but est que l’on se pose plus de questions.

De quoi nourrissez-vous vos inspirations ?
Ma grosse référence cinéma pour la composition c’est Eisenstein, je pense en particulier au film Qué Viva Mexico où il y a une temporalité décousue, où lui-même parle d’un montage hystérique du temps. Dans ma peinture, il n’y a peut-être pas d’hystérie mais il y a quelque chose qui crie. Un rythme, je ne sais pas si on peut parler de transe (rires). J’écoute beaucoup d’afrobeat à l’atelier, donc ça me met dans un rythme. En peinture il y a Jérôme Bosch, c’est l’une de mes grosses références, justement sur le retournement du monde, comment il parle d’un sujet en montrant presque son contraire, tout est une sorte de carnaval permanent, et ce foisonnement de petites scènes dans un même tableau. Je suis aussi sensible à l’architecture, avant de rentrer aux Beaux-Arts j’ai passé une année à l'étudier, donc je suis assez sensible à la construction de l’espace. Pendant quasiment toute ma scolarité j’ai fait énormément d’installations. C’est aussi quelque chose vers lequel j’aimerais bien retourner, sortir du cadre du châssis.

Marie-Anita Gaube
A la Galerie Françoise Besson jusqu'au 9 décembre

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