Catastrophe, retirés dans les marges joyeuses

Collectif Catastrophe

Hippodrome de Parilly

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Fête du livre de Bron / Catastrophe ! Un collectif de jeunes gens emplis d'espoirs et d'idées qui s'attaque au théâtre, à la littérature, à la musique, à la poésie... et surtout, intrigue. En performance à Bron, samedi. 

À écouter le premier disque de Catastrophe, l'on croit un instant se replonger dans la scène underground des années 70. Le côté "collectif", la cantatrice qui pose ses vocalises, le côté grandiloquent. Entre pop luxuriante et rock progressif, expérimentations sonores et parfois, le côté ampoulé de l'histoire. Il y a un peu du Soft Machine du premier opus, pas mal d'Aquaserge surtout, même un brin de Beach Boys parfois ( les polyphonies vocales sur Party in my Pussy) et du spoken word au cœur de tout ça. C'est porté par une énergie collective comme on n'en connaissait plus depuis longtemps. Catastrophe, c'est donc leur nom, intrigue.

à lire aussi : Les Mots et les Choses de Bertrand Burgalat

À l'origine, un duo formé par le compositeur Pierre Jouan et par Blandine Rinkel, chanteuse, future écrivaine, pour l'heure pigiste chez Gonzaï. Et une rencontre avec un chaperon, Bertrand Burgalat, qui va prendre plaisir à couver les jeunes pousses, les conviant un peu partout et surtout, finissant par produire ce disque sorti en janvier dernier, La Nuit est encore jeune, sur son label Tricatel, les embarquant aussi en tournée (à Lyon, la date prévue au Sonic s'était retrouvée hébergée à la Maison Mère suite aux crues de la Saône).

Des jeunes gens pressés et polis, dotés d'un certain bagage intellectuel (Rinkel est diplômée d’un Master en littérature de l'École des hautes études en sciences sociales), qui leur vaudra autant les éloges des uns que les lazzis des autres, les accusant d'opportunisme calculateur. Il faut dire que la bande manie le buzz à merveille, et que la fameuse tribune parue dans Libération a fait mouche. C'était le 22 septembre 2016, le texte s'intitulait Puisque tout est fini, alors tout est permis : « La réponse est simple : renaître, comme il nous plaira. Nous sommes comme les personnages de la pièce de Shakespeare fuyant désormais un modèle de société qui nous a déjà bannis. Étant tout sauf désabusés, nous n’avons plus d’autre choix que celui d’inventer une nouvelle voie. »

Phénomène des réseaux sociaux, la tribune a fait émerger le collectif dans la sphère publique, même si le projet mûrissait depuis de longs mois, depuis 2015. Un EP était paru juste avant, durant l'été, Dernier soleil. Suivront le premier roman de Blandine Rinkel, L’Abandon des prétentions, chez Fayard. Puis le livre du collectif tiré de conversations et de réflexions, signé Catastrophe, chez Pauvert et titré comme l'album, La Nuit est encore jeune.

Si l'on peut s'agacer d'une apparente prétention qui se dégage parfois de leur musique comme de leur manière d'avancer, l'on ne peut que se réjouir de cette envie de bousculer des règles bien trop établies, de faire feu de divers endroits, de conceptualiser et politiser la démarche, de piocher dans un passé turbulent et progressiste et tout simplement d'imaginer changer le monde par l'art. Ils sont une quinzaine et il y a là une vraie force qui voudrait sans doute se convertir en mouvement, qui irrigue déjà en colportant son feeling aussi bien à l'European Lab en janvier dernier, chez qui ils ont trouvé un même désir de passer outre (les catastrophes) ; ou encore à la Maison de la Poésie, dans des petits clubs rock, des théâtres (via Arthur Navellou, metteur en scène et Hadrien Bouvier, acteur) ou, bien sûr, à cette Fête du Livre de Bron où ils donneront l'une de ses performances littéraires-pop, en compagnie en plus des suscités, de Pablo Brunaud et Carol Teillard.

Forcément, ça interpelle. Côté pop, Étienne Daho s'est aussi laissé séduire et les a conviés à la Cité de la Musique pour son exposition Daho l’aime pop !. C'est aussi ce flou qui les entoure encore, à l'heure où tout est affiché partout dans la minute, qui les rend intéressants, qui donne envie de suivre les prochaines étapes. Car ça fait du bien de croiser le chemin d'artistes, qui à l'heure de l'ego roi et cynique, pense par le "nous" et le positif.

Catastrophe
À l'hippodrome de Parilly au Magic Mirror le samedi 10 mars à 17h

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