Mardi 5 février 2019 Au premier abord déroutant et presque trop tape-à-l’œil, le décor imposant de Après la fin (au TNP jusqu'au 21 février) se révèle au fur et à mesure (...)

Photo : © Michel Cavalca

Le Groenland
TNP - Théâtre National Populaire
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
Théâtre / En revenant à un texte de Pauline Sales déjà monté il y a dix ans, Baptiste Guiton retrouve la voix de l’épure qui avait manquée à ses précédentes créations. "Le Groenland" est un monologue prenant.
Au commencement, un souffle. Un halètement. Encore dans le noir, la narratrice est proche du suffoquement. Elle a besoin d’air. Son salut viendra de dire ce qu’elle vient de « décider sans prévenir » : partir en expédition au Groenland. Pour l’instant, elle est attentive à sa fille qui vient de trébucher et qu’elle doit relever car c’est avec elle qu’elle s’en va.
à lire aussi : Crime et sentiments
Ce récit de Pauline Sales, auteure contemporaine confirmée, co-directrice depuis 2009 d’un centre dramatique national (Vire), n’est pas celui d’une femme déséquilibrée. Plutôt d’une épouse et mère lucide qui, face à son ennui, son enfermement dans les conventions, son « envahissement », tire la plus sage des conclusions. Et tant pis si elle se heurte au manque d’argent, aux flics, au froid, à la faim, ce qui compte c’est le mouvement, fut-il synonyme d’atterrissage dans un camion frigorifique de viande qui fera office brièvement de banquise.
« Ma vie ne me ressemble pas »
Ce texte, Baptiste Guiton et la comédienne Thiphaine Rabaud Fournier l’avaient déjà travaillé à la Comédie de Saint-Étienne dont ils sont tous deux issus. À l’époque, Guiton a 21 ans et pensait cette femme malade. Il ne montre en rien cela ici. Son acolyte au plateau donne à ce personnage une colère sourde, saine presque. Elle arpente le plateau, fait valser le pianiste dont l’instrument est peu à peu, comme elle, désossé. Elle se recroqueville, parfois à hauteur de cette enfant qui n’est pas figurée, ou se lance dans des courses exaltantes.
En 1h15, elle rend à cette femme d’aujourd’hui ses contradictions et sa vaillance malgré le poids de la société. Et a même des airs de Romy Schneider dans la sublime et si noire scène du film de Zulawski, L’Important c’est d’aimer. Sobre, ce spectacle tranche avec les précédentes créations du metteur en scène (la commande jeune public Mon prof est un troll et la fresque si huilée qu’elle en était fade, Cœur d’acier sur le conflit aux usines Arcelor Mittal de Florange), membre du Cercle de formation et de transmission du TNP.
Le Groenland
Au TNP jusqu’au 14 avril
pour aller plus loin
vous serez sans doute intéressé par...
Mercredi 30 janvier 2019 Alors qu'il crée Après la fin de Dennis Kelly au TNP cette semaine, le metteur en scène Baptiste Guiton s’attelle depuis dix ans à ne monter que des auteurs vivants pour raconter au mieux son époque. Rencontre au soir d'une journée où le théâtre du...
Mardi 22 mai 2018 Ode à la langue, à ceux qui l'inventent et la subliment, Les Langagières version 2018 sont de très haute tenue avec, en guest stars au TNP, Lambert Wilson et Isabelle Adjani pour les servir.
Mardi 23 janvier 2018 Sensible à l’enfance, Dennis Kelly, dramaturge britannique de 47 ans, n’a de cesse d’observer la place que les adultes réservent à leur descendance. Dans (...)
Mercredi 2 mars 2016 Soucieux de lier l’intime et le politique, le jeune metteur en scène Baptiste Guiton, déjà à l’origine d’un travail tendre et noir sur Lune jaune de David (...)
Mardi 27 octobre 2015 Associer la dissidence au théâtre : en voilà une idée intriguante et rare. Le festival Sens interdits vient de la creuser à l'aune de pays où (...)
Mardi 9 décembre 2014 L’an dernier, Valérie Marinese avait ficelé avec Bouh un très émouvant spectacle. Drôle mais sous-tendu par une trame politique très dure, à la manière d'un film de (...)
Mardi 10 septembre 2013 Sélection réalisée par Nadja Pobel, Benjamin Mialot et Aurélien Martinez