Caryl Férey : « Quais du Polar, c'est la Rolls-Royce des festivals ! »

Quais du Polar / En attendant la Colombie, où se déroulera son prochain roman, Caryl Férey fait une halte par Lyon à l'occasion de Quais du Polar où il présente son dernier ouvrage en date, "Plus jamais seul". L'occasion de causer poteaux carrés et engagement politique.

Engagée, l'œuvre

La plupart de vos romans sont très engagés, en quoi le polar peut être une modalité d’expression politique ?
Caryl Férey : C’est consubstantiel au genre. Les polars traditionnels, du mal pour le mal, ne m’intéressent pas. Le polar est le genre qui permet de parler de politique. Le monde est violent, la politique ça va bien avec tout ça.

Zulu s'intéressait à la période post-apartheid, Condor aux crimes de la dictature chilienne... Votre dernier roman Plus jamais seul traite plus particulièrement du sort des migrants. Pourquoi ce thème ?
Les humains ont toujours migré. La bombe démographique africaine est énorme. Des dizaines de millions de personnes vont devoir migrer. Comment fait-on ? On les jette à la Méditerranée ? La problématique migratoire devrait durer encore vingt, trente ou qaurante ans. Et a priori, tout le monde s’en fout, on fout la merde sous le tapis et on la renvoie vers Erdogan, qui n’est quand même pas le plus grand des démocrates.

Par le polar, on peut réussir à toucher, à sensibiliser le grand public ?
La politique est déjà très présente dans les journaux, à la télé, à la radio. Quand on achète un roman, on ne veut pas avoir la même chose. Avec les personnages, avec l’histoire, on peut réussir à faire vivre une problématique à nos lecteurs, à les mettre dans la peau des personnages et à mieux comprendre les enjeux. Le suspens, le cadavre, l’intrigue quoi ! sont des prétextes pour donner envie aux gens de tourner les pages. J’ai souvent des gens qui me disent « tes sujets sont trop graves, ça ne m’intéresse pas » mais une fois qu’ils sont pris par le récit, là ils veulent bien « se cogner à tout ça. »

Poteaux carrés et Collomb

Et en plus vous vous retrouvez aujourd’hui dans la ville du ministre de l’Intérieur …
(Rires) Sans me la ramener, je fais beaucoup de festivals dans le monde entier, et celui-ci est, de loin, le meilleur ! Les lecteurs peuvent rencontrer très simplement les écrivains, c’est à échelle humaine, alors que tous les ans, les organisateurs et les organisatrices ont beaucoup de mal à tout faire rentrer dans le budget ! Donc Collomb quand je l’ai vu, c’était il y a deux, trois ans, au Cintra, je lui ai dit : « avec Quais du Polar, vous avez une Rolls-Royce entre les mains, et vous, vous mettez de l’essence pourrie dedans... alors que ça fait rayonner votre ville. »

En parlant de faire rayonner Lyon, j’ai cru comprendre que vous étiez supporter de l’ASSE ?
Oui j’aime bien dire ça à Lyon ! (rires) J’avais neuf ans pour la finale aux poteaux carrés et à neuf ans, cette finale c’est la première injustice du monde ! Tes héros, avec leurs rouflaquettes, t’as l’impression que ce sont tes parents, des bons gars, qui sortent de l’usine… Ils perdent ! Et en plus, ils perdent contre des Allemands ! Il y avait quelque chose d’assez folklo ! Au moment où la France entière était stéphanoise, qui sont les plus forts ? évidemment c’est les Verts ! Alors aujourd’hui, je ne suis plus vraiment le foot, je regarde de temps en temps Saint-Étienne, mais c’est vrai que l’OL, je m’en fous...

Monte le son !

Jacques Higelin fait partie de vos références, des chanteurs que vous écoutez quand vous écrivez ?
J’ai eu la chance de le voir en 83 et comme le dit tout le monde, il fallait le voir à ce concert ! À cette époque-là, j’adorais, c’était les bonnes années d’Higelin, fin 70 début 80. Bon plus récemment, c’était pas super super, il avait un côté un peu baloche, pas terrible. Par contre, de très beaux morceaux au piano, des textes magnifiques … Quand je l’ai vu en concert, j’avais 16 ans, il était d’une générosité folle sur scène, plus de trois heures de concert…
Et pour la petite anecdote, des années plus tard je l’ai croisé bourré à 4h du mat’ à Paris, j’étais moi-même avec une copine, bourré aussi. On voit une espèce de forme au loin, avec une immense cape, on le croise et là on se dit en chuchotant « mais oui c’est Higelin ! » Et là, il se retourne en jouant avec sa cape et en faisant des grands yeux : « je rentre chez moi. » Hyper sympa le gars !

Futur

Après l’Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande, la Bretagne… Quelle est la destination pour votre prochain roman ?
C’est la Colombie.

À chaque fois, vous avez un rituel très précis : une recherche presque scientifique de documentation, un premier voyage sur place, un temps de rédaction et un deuxième voyage... Et là vous en êtes à quelle étape ?
Effectivement, j'ai bien ce processus. Là, j’y suis déjà allé, pour sentir un peu les choses, je suis en train d’écrire un peu et j’y retourne en septembre.

Le thème ?
La paix. Après la guerre civile, comment réussir la paix ? Un peu comme après l’apartheid en Afrique du Sud...

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