Le souhait de Bombino au Musée des Confluences

Bombino

Musée des Confluences

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Sono Mondiale / Le Musée des Confluences continue de nous régaler avec sa programmation sono mondiale, accueillant dans le même mouvement que son exposition consacrée aux touaregs, un concert de Bombino bientôt suivi de Leila Gobi.

Il faudra bien un jour reconnaître à sa juste valeur l'immense mérite de Hisham Mayet, producteur né à Tripoli et émigré à Seattle, où il a lancé le très bien nommé label Sublime Frequencies en compagnie du musicien expérimental Alan Bishop : le repère des amateurs de raretés sono mondiale, de disques enregistrés in situ, parfois proches du field recording, des galettes qui vous offrent le tour du monde en posant simplement le diamant sur le vinyle qui crépite et d'où, parfois, sortent les bruits de la ville avant les notes de musique.

Découvreur de talents, Hisham Mayet l'est aussi ; certains seraient sans aucun doute restés dans l'ombre sans lui : qui aurait été dénicher Omar Souleyman, alors star des mariages lybiens avant de faire le bonheur de Björk et Four Tet ? Ou encore le Group Doueh, récent auteur d'un album décoiffant avec Cheveu ? Et Bombino, bien sûr. Dont le premier album, Group Bombino - Guitars from Agadez vol. 2, a été enregistré brut de décoffrage, là encore en plein milieu d'un mariage, au mitan du désert près d'Agadez, avec les amplificateurs des guitares branchés sur des générateurs électriques à essence.

C'était en 2007, l'album est sorti deux ans plus tard. Mayet a beaucoup fait pour faire émerger cette nouvelle scène touareg dans le sillage des grands anciens, Tinariwen. Mais il ne raisonne pas (du tout) en terme de carrière ou de développement d'artistes. Il cherche, avant de laisser ses trouvailles grandir hors de son nid. C'est ainsi que Bombino, comme Omar Souleyman, a percé : repéré sur Sublime Frequencies par les diggers, parti ensuite grandir ailleurs. Un temps sur un label lyonnais, eh oui, mené par Sedryk Sadin, autre grand défricheur de musiques du désert, via son label Reaktion, qui sortira Agamgam en 2011.

Entre deux rébellions

Reprenons le fil : Bombino est né à Tidene, dans un campement nomade, en 1980. Il est membre de la tribu Ifoghas et grandit entre le désert et Agadez, la plus grande cité au nord du Niger. Comme beaucoup, il a dû fuir vers l'Algérie avec son père et sa grand-mère (qui l'a élevé, comme souvent chez les touaregs où la société est matriarcale) lorsque la rébellion touarègue s'est déclenchée en 1990 au Mali et au Niger. Le tout jeune guitariste ne pourra revenir du côté d'Agadez que sept années plus tard. C'est durant cet exil qu'il apprend l'instrument, des membres de sa famille en ayant laissé deux à son domicile avant de repartir au front. Son oncle, le peintre Rissa Ixa, finira par lui en offrir une.

La guitare est alors le symbole de la rébellion, le son des touaregs, celui que l'on nomme ishumar.

C'est ce blues teinté de rock, hypnotique et virtuose, que façonnent Tinariwen ou encore Keddo. De retour au pays, Bombino apprend, avec le maître Haja Bebe qui finit par intégrer l'élève doué à son propre groupe - et au passage, le baptise, "bombino" signifiant "petit enfant" en italien - il est le plus jeune de la bande. Bombino finira de se perfectionner en écoutant Jimi Hendrix en boucle, et en répétant toute la journée en gardant son troupeau, alors qu'il est devenu berger...

Peu de temps après la sortie de son disque sur Sublime Frequencies, une seconde révolte éclate et deux des musiciens de son groupe sont tués. Nouvel exil, au Burkina Faso. Où il rencontre le documentariste Ron Wyman, qui décide cette fois de lui faire enregistrer son album suivant en studio : ce sera Agadez (sur Cumbancha Records, en 2011). C'est le début du grand saut : s'ensuit une signature sur Nonesuch Records et l'enregistrement de Nomad avec Dan Auerbach des Black Keys, à Nashville.

Jusqu'à Deran, qui signifie "souhait", tout juste sorti ce mois-ci, pierre angulaire d'une œuvre déjà riche pour un si jeune musicien devenu le porte parole de la nouvelle génération touareg, voulant la paix sans rien renier de sa fierté. Retour aux sources, enregistré à Casablanca et sans aucune star du rock aux manettes, retour au plus prêt de l'os, quitte a sortir la guitare acoustique (Deran Deran Alkheir (Well Wishes) ) : ce disque imprime définitivement la marque d'un grand.

Bombino
Au Musée des Confluences le mercredi 30 mai à 20h30

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