Waninga : le théâtre, cet autre refuge

Théâtre / Ils viennent du Congo, des Comores, de Guinée. Au sein du collectif jeunes de RESF, ils s'expriment par le théâtre et sont même devenus une compagnie, Waninga. Une façon de se libérer de l'urgence du logement et de la scolarité et de nous dire ce qu'ils traversent.

Si le ruissellement existe et n'a pas été accaparé par une caste, peut-être est-il là. Il y a trois ans, Pauline Rousseau, en thèse d'étude théâtrale, se rend à un rassemblement en faveur de sans-papiers puis à une réunion de RESF (Réseau Éducation Sans Frontières) et, de fil en aiguille, s'investit dans le collectif jeunes (pour mineurs et jeunes majeurs isolés) auprès de Marie Brugière et Fiammetta Nincheri. Deux mois plus tard, elle propose un atelier théâtre. L'histoire va s'emballer rapidement avec quelques bénévoles. « D'emblée, 60 à 70 d'entre eux nous suivent » dit-elle.

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Quinze s'impliquent vraiment, à raison de quatre heures tous les quinze jours. Tous connaissent très bien la situation de leur pays, tous ont des positionnements politiques clairs sur leurs dirigeants, sur la corruption qui sévit. L'atelier va être à la fois un moyen de se raconter autrement et « de se faire plaisir » insiste-elle. De ce projet initial, deux restent motivés en septembre 2016. C'est autour d'eux que se constitue un groupe restreint, solide, dans lequel figure la seule fille : Benicia Makengele. Si talentueuse, qu'elle vient tout juste de boucler la classe préparatoire intégrée de l'école supérieure de la Comédie de Saint-Étienne, qu'elle a été reçue à l'ENSATT pour la rentrée prochaine mais opte pour le Conservatoire de Paris qu'elle a réussi également !

Invités par Mnouchkine

Ses camarades (Mamadou Ouri Balde, Salvator Bwishe, Malick Coulibaly, Ousmane Diallo, Ibrahima Gary, Issouf Houmadi, Lancei Kourouma et Keletigui Sylla) ont poursuivi et présentent un spectacle, C'est quoi le problème ?, construit à partir d'improvisations sur leurs vécus, et des textes de la romancière Fatou Diome. Ils jouent à Taizé, dans le festival lyonnais Migrant'scène et sont demandés par des profs, des assos qui souhaitent diffuser leur parole. Début 2018, nait ainsi la compagnie Waninga : mot valise de la traduction du mot ami dans les trois langues que ces jeunes parlent le plus.

Pour eux, le théâtre devient famille et Pauline Rousseau le reconnaît : « cette expérience me confronte à mes préjugés. Ces jeunes ne sont pas automatiquement amis parce que réfugiés ; ils sont arrivés en France pour des raisons différentes, ils viennent de pays différents, de classes sociales différentes et donc la politisation collective que nous voulions mettre en place est compliquée. Ils ne sont pas réductibles. »

Pour autant, l'aventure se développe. La toute jeune compagnie postule même à l'obtention de bourses (comme Déclics Jeunes de la Fondation de France) et ont obtenu une lettre de recommandation et une rencontre avec Ariane Mnouchkine, qui les a tous invités à venir à La Cartoucherie voir Une chambre en Inde. « On va de folie en folie, confie Pauline Rousseau, mais on ne veut pas être les artistes cache-misère d'une politique gouvernementale atroce. »

C'est quoi le problème ?
À l'ENS Lyon dans le cadre de la journée d'études "Théâtre et Militantisme : regard sur les migrations" le samedi 22 septembre
Au CCVA de Villeurbanne le samedi 29 septembre

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