Policier / de Patricia Mazuy (Fr, 1h51) avec Laurent Lafitte, Zita Hanrot, Idir Chender...
Aux Arcs-sur-Argens, la gendarmerie a été informée qu'un meurtrier recherché depuis dix ans, Paul Sanchez, a été identifié dans un train. Volontariste, mais souvent gaffeuse, la jeune Marion se lance sur ce dossier dédaignée par ses collègues militaires. Et si elle avait raison d'y croire ?
Cinéaste rare faisant parfois des incursions bienvenues devant la caméra (son tempérament pince-sans-rire y est hélas sous-exploité), Patricia Mazuy a toujours su animer des caractères atypiques, et tout particulièrement des francs-tireuses imposant leur loi à l'intérieur de cadres pourtant rigides : Peaux de vaches, Saint-Cyr ou Sport de filles étaient ainsi portés par des battantes qui, si elle n'étaient guère victorieuses, infléchissaient les règles. Marion la gendarme est du même bois, ce qui ne l'exonère pas d'une certaine maladresse la rendant plus attachante et réaliste.
Dans ce thriller en forme de chasse à l'homme, davantage que la menace c'est l'omniprésence de la fragilité qui transparaît : la gendarmerie enregistre son lot de détresses quotidiennes, le commandant bonne pâte évite l'autorité et craint d'être dessaisi de l'enquête ; quant au fugitif, il ferait presque pitié, n'était ce regard noir que Laurent Lafitte décoche. Patricia Mazuy a admirablement capté son potentiel anxiogène ; la pupille éteinte semant un irrépressible doute.
S'inscrivant (ô combien) dans le territoire du rocher de Roquebrune, dans la solitude du hors saison, la cinéaste travaille son ambiance comme elle dessinerait un personnage, créant parfois d'étonnantes ruptures flirtant avec l'absurdité, composant avec la partition de son habituel complice John Cale. Quant à la voix-off du narrateur, personnage secondaire commentant l'intrigue, elle donne à l'ensemble un je-ne-sais-quoi de La Femme d'à côté de Truffaut (1981) —lui aussi un drame policier pas comme les autres. L'influence des Alpes, sans doute...