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La Cascade et le Festival d'Alba, exceptions circassiennes en Auvergne Rhône-Alpes

Cirque / Début juillet, à Alba-la-Romaine se tenait la 10e édition du festival de cirque piloté par le pôle national implanté dans les environs : la Cascade à Bourg-Saint-Andéol. Alors qu'à Lyon, le manque d'infrastructures est criant, là-bas, au sud de l'Ardèche, s'invente un lieu de création permanent dont nous parle sa secrétaire générale, Marie-O Roux.

Comment et pourquoi la plus importante infrastructure de Auvergne-Rhône-Alpe en matière de nouveau cirque est ici, dans le sud rural de l'Ardèche ?Marie-O Roux : Elle émane de la compagnie des Nouveaux Nez qui sont venus s'installer quand ils sont sortis du CNAC (Centre National des Arts du Cirque installé à Châlons-en-Champagne), en 1992.
Les producteurs étaient à Paris, mais Alain Reynaud avait des parents menuisiers à Bourg Saint-Andéol : il est revenu. C'était totalement improbable d'imaginer des clowns ici... Petit à petit, on a installé les bureaux, les salles de répétitions dans l'ancienne menuiserie et on a monté un projet beaucoup plus grand. On voulait une maison dans laquelle accueillir le maximum d'artistes, et s'est libéré Saint-Joseph. C'est un ancien cloître – on est sur un lieu de patrimoine – auquel on a rajouté une salle de spectacle, un immense terrain de jeu, tous les bureaux, une salle de danse, des chambres, un espace caravane.
On est devenu un lieu dédié à recevoir de la résidence de cirque à l'année, où chacun peut dormir, manger, répéter à l'heure voulue. Les artistes ont une vraie autonomie. C'est rare. Dans les autres Pôles nationaux, on ne peut pas rester à dormir, travailler jusqu'à minuit... C'est peut-être aussi dû au fait que nous sommes l'un des deux seuls Pôles installés en milieu rural avec Nexon en Haute-Vienne. On accueille près de 300 artistes par an.

À quel moment l'argent public arrive dans ce projet ?
Il est arrivé assez rapidement car la compagnie des Nouveaux Nez était déjà subventionnée par la DRAC et la Région qui ont suivi ce projet de La Cascade. C'est un vrai engagement de la part d'artistes et d'hommes politiques de ce territoire qui ont été visionnaires. Depuis vingt ans, ce département mène une politique culturelle hors pair. Il a fallu quinze ans de travail en amont de l'ouverture de La Cascade. Il y a vingt ans, ce projet était inimaginable. Ç'a été un travail avec les habitants, l'opposition politique aussi, et donc l'argent public est arrivé par le Département et ensuite la Région, la Ville, l’État...

à lire aussi : Le cirque : double tours et double lieux

On a créé La Cascade en 2008 et on devient Pôle national de cirque en 2011. Au départ on s'appelait Maison du clown, des arts et du cirque. Rapidement, on a eu une reconnaissance du ministère. Sur cette région, on est toujours le seul PNC alors que c'est un immense territoire.

Laurent Wauquiez, alors en campagne pour la présidence de la Région fin 2016 avait justement stigmatisé les clowns et les marionnettes. Qu'en est-il depuis de vos relations ?
On a gardé leur soutien. Il n'a pas augmenté. Aujourd'hui, on est soutenu à 280 000€ par le Département, 250 000€ par la DRAC, 200 000€ par la Région, 7000€ par la commune de Bourg-Saint-Andéol. Il y a aussi des aides aux projets. Et la communauté de communes ARC (Ardèche Rhône Coiron) abonde aussi à hauteur de 50 000€. Cela inclus le festival.

Il y a actuellement très peu de lieux de travail pour les circassiens en région...
C'est une honte qu'il n'y ait pas plus de lieux. Il faudrait un autre site comme le notre dans une grande ville. On est déjà très liés avec les Subsistances à Lyon, l'école de cirque avec Mathurin Bolze, mais il manque un autre lieu, c'est sûr.

Votre liste d'attente pour venir travailler à La Cascade est de plus de 18 mois...
On accueille 65 compagnies par an qui viennent travailler sur des créneaux allant de une semaine à un mois. On a trois lieux, mais on est constamment en surchauffe et constamment en train de dire non car on a 250 demandes par an ! Et les compagnies qui viennent ne sont pas seulement rhônalpines, elles viennent de toute la France car, dans cette région, le cirque n'est finalement pas tant développé que ça. Il faut vraiment qu'il se développe. C'est pour ça qu'on a créé Réseau Cirqu'Aura, toujourss un peu en gestation depuis un an. On répertorie les lieux potentiels d'accueil, de travail. Il y a le Théâtre du Vellein de Villefontaine qui est en convention cirque. Il y a aussi le Théâtre de Bourg-en-Bresse, la ville de Saint-Étienne avec le festival des 7 Collines. On va essayer de faire circuler les artistes, d'élaborer des productions ensemble...

C'est un réseau qui se monte entre structures ou avec les politiques ?
Non, ça se fait entre nous. Il faut que peu à peu, de plus en plus de compagnies viennent s'installer dans cette région. On n'en a pas tant que ça. Et elles ne peuvent pas venir s'il n'y a pas d'infrastructures mais, avec le Pôle, on développe le projet de créer un nouvel espace car on a une chapelle dont on voudrait faire un lieu de résidence au quotidien. Ce serait pour les jeunes compagnies. On n'y accueillerait pas sur des résidences de courte durée. On est une terre de cirque en construction. Il y a des régions où il y a pléthore de compagnies comme autour de Auch, depuis trente ans...

Vu de Lyon, la situation paraît pourtant coincée, avec l’école de cirque qui risque de perdre son homologation faute de locaux adaptés.
Ne pas avoir un espace chapiteau dédié au cirque est très dommage ; ça n'a pas été une priorité politique, alors qu'il y avait du potentiel côté artiste avec Mathurin Bolze ou Nadège Cunin (la directrice de l'école de cirque).

Comment avez-vous vu évoluer le cirque depuis toutes ces années ? Il s'est beaucoup institutionnalisé ?
La création du CNAC a 30 ans et, grâce à cela, la qualité a progressé. Quand les Nouveaux Nez en sont sortis avec leur spectacle, c'était totalement révolutionnaire : d'un coup, quatre clowns venaient faire du cirque au théâtre.
Jérôme Deschamps faisait aussi ses premiers spectacles. On était vraiment sur des nouvelles écritures. Le cirque Plume participait de cela, mais ils étaient sous chapiteau. Le cirque s'est construit au fil des années et s'est amélioré au niveau de la technique, ils s’entraînent tous les jours comme des sportifs de haut niveau. Et les artistes ont de plus en plus de compétences. Un circassien peut faire des saltos et est aussi musicien. Et il commence à être comédien. Ils sont vraiment complets.

Ça veut dire qu'il faut commencer de plus en plus jeune ?
Oui, mais on se retrouve à la deuxième génération de ce nouveau cirque. Ça fait des familles comme dans le cirque traditionnel. C'est assez marrant.

Est-ce que vous avez néanmoins l'impression que sans un soutien, une impulsion des pouvoirs publics, cela n'aurait pas existé (les pôles nationaux, le CNAC, le Bac cirque) ?
Oui bien sûr, s'il n'y a pas Jack Lang...

Déjà à l’époque de Giscard d'Estaing, le cirque était rattaché au ministère de l’Agriculture car il y a des animaux et du foin !

Il décide de le rattacher au ministère de la Culture. C'est un changement important. Et pour nous, ce cirque traditionnel est très important. C'est l'histoire du cirque, on ne le renie pas du tout. Ensuite, Jack Lang impulse le CNAC et ce nouveau cirque qui apparaît.

En Europe, la France est très en avance. Maintenant, d'autres pays progressent comme la Finlande ou le Maroc. Le CNAC a fait que la France a une vraie image de cirque.

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