Béni oui-oui / de Wim Wenders (It-Sui-Fr-All, 1h36) avec Jorge Mario Bergoglio...
Séduit par la profession de foi de Jorge Mario Bergoglio lors de son élection en tant que pape François, Wim Wenders le suit et recueille son message...
Étrangement en résonance et en discordance avec l'actualité, ce film livre un portrait chaleureux d'un prélat humaniste, donnant quitus des premières années de son pontificat : les actes accomplis sont conformes aux paroles énoncées et la démarche de réforme (si l'on ose dire) de l'Église semble engagée. Le parallèle entre Bergoglio et François d'Assise apparaît limpide, les propos du pape sans ambiguïté... même si l'on décèle quelques trucs rhétoriques de jésuite bien pratiques pour éviter de donner une réponse personnelle, claire et tranchée à une question complexe : les « qui suis-je pour juger ? » volent en escadrille. Bref, le portrait est d'une blancheur aveuglante.
Wenders aurait-il omis que tout procès en canonisation voit s'opposer un défenseur de la cause du “prévenu“ à l'avocat du diable ? Car si François, avec sa bonne tête entre Jason Robards et Jonathan Pryce, semble remplir toutes les cases sur la dénonciation de l'avidité des super-riches, du sort des réfugiés, des crimes contre l'environnement, de la pédophilie dans l'Église (ahem...) ; s'il s'exprime avec plus de tolérance que ses devanciers sur la place des femmes et des homosexuels (si si...) dans la société, le pontife demeure le gardien de dogmes archaïques et de positions discutables quand on va au-delà des bonnes paroles.
Wenders n'a choisi de ne conserver que la lumière, en oubliant qu'il lui faut une part d'ombre pour donner la pleine mesure de son éclat. Heureusement, les récentes déclarations de François dans les médias se chargent de rendre son aube moins reluisante que sur grand écran...