Des journées pour les gourmets

Journées du Patrimoine / Dans la région lyonnaise, les Journées du Patrimoine seront placées sous le signe du goût et de la gastronomie : et si on commençait par le chocolat ?

La Métropole de Lyon ayant une cité de la gastronomie à mettre en avant, elle s'est permise de modifier légèrement le thème national (l'art du partage) de ces 35e Journées du Patrimoine pour l'adapter en "goût en partage"...

« Fort de sa situation géographique et de son histoire, notre territoire offre une vision globale du parcours des aliments : de la production à la distribution en passant par l'élaboration et la consommation. Les patrimoines concernés sont autant de témoins que, dans notre Métropole, le bien manger se partage de la culture ouvrière jusqu'aux tables étoilées » est-il ainsi revendiqué par les organisateurs.

Alors, rassurons tout de suite nos lecteurs : oui, il sera toujours possible d'aller voir le bureau du maire, comme chaque année (en étant patient dans la file d'attente), oui les traboules et la Maison des Canuts sont au programme, le Musée des Confluences aussi, oui l'Hôtel de Région peut se visiter (samedi de 13h à 17h), et oui on peut retourner admirer le gigantesque plafond de la Brasserie Georges ; trois autres micro-brasseries se sont de plus ajoutées aux visites : La Canute Lyonnaise à Pierre-Bénite, la Taverne de Curis et Échec et Malt.

Surtout, cette année, on pourra manger du chocolat. Et c'est bien là l'essentiel. Des explications ? Lyon serait la capitale du chocolat (on se demande au passage de quoi elle n'est pas la capitale...) et les maîtres artisans ne manquent pas. Richard Sève est de ceux-là. En compagnie de son épouse Gaëlle, il a fondé la maison Sève, qui régale les papilles. Et tous deux ont créé en octobre 2017 le Musco, un musée du chocolat greffé à leur manufacture, scénographié par Fakestorybird (vus au Musée des Confluences) permettant de mieux saisir l'histoire de cette aliment, si répandu aujourd'hui qu'on en oublie sa provenance initiale et son histoire.

Un breuvage d'adultes

Chocolat : le mot apparaît pour la première fois dans un dictionnaire français en 1680. Quelques années plus tôt, en 1670, madame de Sévigné s'inquiétait que sa fille partie à Lyon ne puisse s'en procurer... Car à cette époque, le chocolat bu au matin avait commencé à conquérir la haute société, dans le sillage d'Anne d'Autriche, épouse de Louis XIII, puis de Mazarin. L'arrivée en Europe de cette fève sud-américaine date de Cortès, en 1528, qui avait envahi l'empire aztèque où le cacao était une boisson courante, souvent associée au piment. Amère, piquante : la boisson a eu du mal à convaincre les conquistadors au départ, mais c'est l'apport du sucre, lui aussi venu de terres tropicales, qui va tout changer. On ne sait pas qui a eu cette idée d'associer (a priori au XVIe siècle) les deux ingrédients exotiques, cacao et sucre, pour en faire le chocolat : mais c'est devenu un cocktail européen.

Si la domestication du cacao date du premier millénaire avant notre ère par les Olmèques, ce sont les Mayas qui en ont développé la culture et la consommation, affinant la méthode (fermentation, torréfaction...) permettant de développer la boisson euphorisante et se servant également des fèves comme monnaie.

Retour en Europe : le Candide de Voltaire découvre le chocolat à Venise et tout au long du XVIIIe siècle, celui-ci se propage et devient une boisson phare du petit-déjeuner. C'est alors un breuvage d'adultes, aux vertus aphrodisiaques dit-on. Casanova le préférait au champagne pour adoucir ses conquêtes... Vint ensuite l'invention de la tablette, en 1847 (comme le trip-hop, à Bristol) : on la doit à Joseph Fry, premier industriel du chocolat. Facile à partager, elle se répand dans l'Europe protestante (les catholiques étant plus réfractaires), et c'est sous l'influence du calvinisme suisse que le petit pays devient une place centrale de la chocolaterie, en pleine révolution industrielle, d'où sont issus Henri Nestlé, Rodolphe Lindt, Jean Tobler et Philippe Suchard.

Toute cette histoire est contée avec un talent remarquable par l'historien Christian Grataloup, auteur de l'ouvrage Le Monde dans nos tasses (Armand Colin), source de cet article. Le reste est à visiter au Musco, où machines d'époque et dégustation soignée des créations de Richard Sève (dont un phénoménal chocolat au basilic !) combleront assurément même les plus réfractaires à cette douceur.

Musco
324 allée des Frènes Parc du Puy d'Or, Limonest

Journées du Patrimoine
Samedi 15 et dimanche 16 septembre

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 17 septembre 2019 Si au niveau national le thème des Journées Européennes du Patrimoine est "Arts et divertissement", la Métropole de Lyon l’axe sur l’habitat. Cap, ce week-end (samedi 21 et dimanche 22), sur ce qui a fait l’habitat social du XXe siècle,...
Mardi 13 septembre 2016 Parmi la pléthorique offre de visites plus ou moins inédites proposées durant ces Journées du Patrimoine, en voici quatre qui nous ont émoustillé. Et en prime, tout le programme en bas de l'article.
Mardi 15 septembre 2015 Une fois n’est pas coutume, c’est le XXIe siècle qui sera à l’honneur des journées du patrimoine les 19 et 20 septembre prochains. L’occasion d’aller découvrir des lieux insolites en bordure de Lyon.
Jeudi 8 septembre 2011 À Lyon, Villeurbanne ou Givors, les maires ont eu une idée simple : faire en sorte que les gens modestes soient bien chez eux. Les journées du patrimoine sont l’occasion de visiter des appartements des Gratte-ciel, du quartier des États-Unis ou...

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X