Drame / de Guillaume Senez (Fr-Bel, 1h38) avec Romain Duris, Laetitia Dosch, Laure Calamy...
Chef d'équipe dans un entrepôt 2.0, Olivier affronte chaque jour une direction tyrannique, avant de retrouver la paix des siens. Un jour, sa femme le quitte sans prévenir, le laissant seul avec ses deux enfants. C'est un autre combat qui s'engage alors : faire sans, avec l'angoisse en plus...
Enfin un rôle consistant pour Romain Duris et nous rappeler que, s'il dilapide parfois ses qualités à la demande de certains cinéastes le poussant à cabotiner, le comédien sait aussi mettre son naturel et sa sauvagerie au service d'emplois du quotidien dans des films à fleur d'âme tels que Nos batailles. Tout est ici d'une justesse infinie, sans la moindre fausse note : l'injustice qui sourd, la description du lean management cynique dans sa désincarnation ultime, le dialogue et les situations, jusqu'au sourire mouillé de sanglots d'une femme cherchant à ne pas perdre la face après une réplique maladroite de l'homme dont elle s'est éprise — Laure Calamy, parfaite dans la réserve, comme tous les personnages secondaires.
Par son dédain du pathos et son sens aigu du détail signifiant, le réalisateur Guillaume Senez tient en permanence sur le fil cette histoire racontant autant l'intime que le collectif, et expliquant l'absolue co-dépendance des sphères privée et publique. Si vous en avez assez des “films sociaux“ ou des “drames familiaux“, alors voyez ce film qui les conjugue si bien et évoque ce monde d'aujourd'hui dans lequel il faut incessamment livrer bataille. Et surtout ne jamais rien céder ; surtout pas l'espoir, cette lueur pandoresque dont la pâle clarté réchauffe les cœurs. Une très heureuse surprise.