Théâtre filmé / de Véronique Meriadec (Fr, 1h22) avec Clémentine Célarié, Serge Riaboukine...
Éric a assassiné un enfant en 1977. Après ses 25 ans de prison, la mère de la petite victime lui donne rendez-vous dans le bric-à-brac d'un inquiétant hangar, où elle le presse de questions sur les circonstances et les motivations de son geste. Veut-elle se faire justice après la justice ?
De la difficulté de transmuter un tête-à-tête en film, de mettre en images et en scène ce qui repose avant tout sur des mots... Si le sujet est grave, la forme l'est aussi : à la base, En mille morceaux est censé promouvoir la “justice restaurative“, un procédé visant à faire se rencontrer les victimes de crimes et leurs auteurs dans le but de permettre aux uns d'accorder leur pardon, aux autres de les faire prendre conscience de leurs actes afin de réduire la tentation de récidive. Louable démarche. Seulement ici, pour faire thriller, la mère surculpabilise jusqu'à la terreur psychologique son bourreau sans expliquer le pourquoi de leur rencontre ; on ne peut pas être plus contre-productif. Du côté de l'assassin, ce n'est guère mieux : ses confessions nous amènent à comprendre qu'il a lui-même été martyrisé par son frère lui faisant rejouer des scènes cultes de films traumatisants — que l'on voit en flash-back. Manque de chance, il s'agit de films pour la plupart trop tardifs (Orange mécanique, Marathon Man, Furyo...) pour être en cohérence chronologique avec l'histoire. Le diable se niche dans les détail, et l'à-peu-près achève de balayer l'approximatif d'un projet mal défini.