Stuart A. Staples : « des chansons semblables à des souvenirs »

Stuart A. Staples

Chapelle de la Trinité

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Petit Bulletin Festival / Avant l'été, la figure de proue des Tindersticks Stuart A. Staples a publié "Arrythmia", son troisième album solo – le premier depuis douze ans, surprenant mélange d'atmosphères toutes staplesiennes et d'expérimentations sonores au long cours. Pour fêter ça à sa manière, il donnera son seul et unique concert (français, européen, mondial) à la Chapelle de la Trinité sur lequel il conserve, y compris pour lui-même, une part de mystère.

Il s'est passé douze ans entre vos deux derniers albums solo, Leaving Songs, sorti en 2006 et Arrythmia publié cette année. Pourquoi avoir attendu tant de temps pour vous exprimer à nouveau en solo ?
Stuart A.Staples :
Les choses étaient très différentes avec mes premiers albums solo [publiés coup sur coup en 2005 et 2006, NdlR]. Le groupe était en train de s'effondrer et j'ai commencé à comprendre que je devais prendre mes distances avec les Tindersticks. Ces disques relevaient davantage de la nécessité pour moi de continuer à avancer. Ensuite, les choses se sont réenclenchées avec les Tindersticks. Pour Arrythmia ç'a été très différent. Il s'agissait davantage de me confronter à des idées que j'avais en moi et dont je savais qu'elles n'appartenaient pas au monde des Tindersticks. Il m'a donc fallu trouver du temps pour les explorer seul et les mener à terme. C'est l'histoire de cet album.

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Comment et quand le concept de cet album qui vous ressemble, tout en étant très différent de vos productions précédentes, vous est-il apparu ?
Il n'y a pas de concept derrière ce disque qui a été en réalité davantage guidé par des idées et un processus d'expérimentation sonore. Je suis dans mon studio tous les jours et je suis bien placé pour savoir que tout dépend du chemin que prennent les choses : il y a l'idée et la façon dont la chanson grandit autour de cette idée, jusqu'à parfois prendre la forme après beaucoup d'expérimentation et des semaines de travail d'un morceau de dix ou de trente minutes. C'est un peu comme si par ce long processus, les chansons finissaient par occuper un espace où elles deviennent semblables à des souvenirs qu'on tente de remodeler. Je crois que ça définit bien cet album.

Est-ce que ce travail d'expérimentation se rapproche de celui que vous exercez pour les bandes originales des films de Claire Denis ?
Je pense que ça doit avoir un rapport. Travailler avec Claire m'a toujours enjoint à me placer en observateur. Sans le travail avec Claire nous – moi, les Tindersticks – serions sans doute d'une certaine manière davantage prisonniers des chansons. Elle nous a conduit à réfléchir à la musique en termes d'images et sous des formes différentes. C'est quelque chose de fantastique quand vous écrivez des chansons. Je pense même que si je n'avais pas rencontré Claire et donc été confronté à une nouvelle manière d'écrire de la musique, j'aurais probablement arrêté aujourd'hui pour me consacrer à une autre forme d'art.

L'un des morceaux du dernier album est un morceau inspiré d'une œuvre de votre femme Suzanne Osborne qui est artiste-peintre. Comment décririez vous la connexion entre votre musique et le travail de votre femme ?
Pour moi ce titre, Music for a year in small paintings, c'est davantage que regarder une image : c'est être embarqué dans un voyage. Celui qui a été le sien quand, pendant un an, elle a peint le ciel tout les jours. Pour elle, c'était un moyen de faire face à la douleur et la guérison. Je pense que la musique que j'ai réalisée à partir de cette peinture a plus à voir avec cet espace-temps qu'elle a traversé qu'avec le fait de regarder ces peintures. C'est très particulier et très puissant d'être confronté comme cela au pic créatif qui a été le sien. Cela donne beaucoup d'énergie.

Il a beaucoup été dit que vous avez conçu cet album pendant ce que vous appelez « a lost year ». Qu'est-ce qu'une année perdue et qu'est-ce qu'a été cette année ?
C'est ce genre de période où vous avez besoin d'introspection. Ce qui a été mon cas. Après la sortie du dernier album des Tindersticks, The Waiting Room, j'ai passé toute l'année 2016 dans un tour bus entouré de gens, de public. Après ça j'ai eu un peu envie de fermer la porte. Arrythmia est le fruit de cette quête d'isolement et de ce travail d'introspection.

Pourquoi avoir choisi de ne pas faire de tournée pour cet album et de ne donner qu'un concert, celui de la Chapelle de la Trinité pour le Petit Bulletin Festival ?
J'ai été invité à jouer à Lyon dans ce que j'appellerais un moment de faiblesse et donc j'ai dit oui (il éclate de rire). Plus sérieusement, c'est très simple d'être invité pour un concert solo, d'arriver, de jouer et de repartir une fois que c'est fini. En tournée, les choses sont beaucoup plus compliquées, les gens, l'équipement, l'organisation, je ne suis pas disposé à cela en ce moment. J'ai hâte de voir ce qui va se passer pendant ce concert parce que c'est quelque chose de vraiment nouveau pour moi et cela pourrait être le début d'autre chose. Cela dit, nous nous apprêtons à embarquer dans l'écriture du prochain album des Tindersticks, alors ce sera peut-être pour plus tard et je suis sûr que ce sera très excitant.

Cela ne signifie pas que vous avez perdu le goût de tourner ?
Non, pas du tout mais quand vous partez en tournée vous devez être pleinement investi. Vous ne devez vouloir que ça. Là je viens juste de terminer un très long travail sur la BO du prochain film de Claire Denis [High-Life, sortie le 9 novembre, NdlR] et je ne voudrais pas partir sur la route maintenant. Mais quand ce sera le bon moment, je le ferai avec plaisir.

Que nous réservez-vous pour ce concert ?
Je jouerai des chansons seul, d'autres avec Dan McKinna [membre occasionnel des Tindersticks, NdlR] au piano et Thomas Belhom. Il est possible que Neil Fraser [membre fondateur des Tindersticks, qui jouera en première partie avec Fiona Brown] se joigne à nous à un moment. Mais ce sera quelque chose de nouveau, quelque chose que j'aurai construit quelques jours seulement avant le concert. Ce sera un mix entre les chansons du dernier album, des chansons d'albums précédents et des Tindersticks, dans des versions particulières. Mais je ne sais pas encore tout à fait lesquelles, je tiendrai compte de l'humeur du moment.

Stuart A. Staples
À la Chapelle de la Trinité le samedi 27 octobre

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