Les cauchemars d'enfant de Victor Soren

La nuit, d'un coup, est tombée. L'espace, soudain, s'est réduit au volume d'une chambre obscure, tapissée d'ombres inquiétantes. L'enfant qui sommeille en nous se réveille alors en hurlant, tentant de s'extirper, en vain, d'un cauchemar qui, d'image en image, ne cesse de revenir... Autour de nous, sur les surfaces dessinées au fusain ou à la pierre noire, les clowns ricanent, les poupées sont éventrées, des jeunes filles lunaires errent solitaires parmi des limbes, les jouets se révoltent dans un retournement sadique, les peluches deviennent des partenaires lubriques... Tous les fantasmes les plus libidineux ou les plus morbides de l'enfance reviennent nous hanter dans de grands ou de plus petits formats, en un implacable théâtre de la cruauté.

Il a fallu de nombreuses années au breton Victor Soren (né en 1967) pour montrer et exposer ses premiers dessins. La plupart ont éclot la nuit dans une vieille maison nantaise familiale, où l'artiste s'était cloîtré pour créer autant que pour se couper du monde. Les lignes de ses œuvres sont virtuoses, proches parfois de l'univers graphique de la bande-dessinée, et les atmosphères et luminosités sont particulièrement travaillées. Mais le brio technique de Soren ne se déploie pas pour lui-même mais pour nous plonger crument, les « yeux grands fermés » (pour reprendre le titre du dernier Kubrick), dans les angoisses et les frissons érotiques de l'enfance.

Victor Soren
À la galerie Ories ​jusqu'au 8 décembre

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