Pop / Une poignée de semaines après la sortie du dernier Dead Can Dance, Brendan Perry, moitié masculine de ce duo mythique en perpétuelle résurrection, entame une tournée solo passant par le Ninkasi nous annonçant du nouveau – un troisième album solo en vingt ans – pour la fin de l'année. Certains diront qu'ils ont failli attendre.
Le moins que l'on puisse dire c'est que Brendan Perry n'est pas un homme pressé. Depuis sa mise en congé de Dead Can Dance, totem d'abstraction musicale et fer de lance du pas-comme-les-autres labels 4AD dans les années 80-90 (âge d'or dudit label), Perry a semblé avancer à pas aussi feutrés que lents, loin de ces marches forcées que dictent bien souvent les carrières.
Le tarif : un album solo tous les dix ans. Et encore, le dernier en date eut-il été vraisemblablement mis sur les rails par l'échec de la collaboration artistique d'avec Lisa Gerrard censé accoucher d'un nouveau Dead Can Dance post-reformation – nous sommes alors en 2005.
Rendus chacun à un bout du globe, lui en Irlande, elle en Australie, affublés de visions musicales faisant le grand écart et (surtout ?) toujours en proie à des différents pas tout à fait aplanis, les deux avaient dû se rendre à l'évidence : l'alchimie ne fonctionnait plus guère – ce serait pour plus tard et les albums Anastasis (2012) et il y a quelques mois Dionysus.
L'Arche de Brendan
Entre-temps Perry développe ses morceaux à lui pour accoucher en 2010 du troublant – pléonasme concernant les productions du bonhomme – Ark. Lequel, dans sa référence à l'épisode biblique de l'arche de Noé, portait en lui à l'aube de la décennie la prophétie d'un monde en péril qui est à peu près celui du Babylone en perdition dans lequel nous nous débattons aujourd'hui moins de dix ans plus tard.
La chose oscillait entre les atmosphères crépusculaires de la seconde carrière de Scott Walker, les mille feuilles atmosphériques d'un David Sylvian (ex-Japan) et la grâce d'un nouveau stentor du paysage pop d'alors, John Grant, contrastant franchement avec le premier essai solo, très folk, de Perry, The Eye of the Hunter, qu'il reconnaîtra lui-même comme un genre d'anomalie esthétique.
Depuis, en dépit de multiples projets – on le retrouve récemment à plusieurs reprises aux côtés d'Olivier Mellano et donc à l'œuvre sur un nouveau Dead Can Dance – plus rien de solitaire. Ou presque, car si Perry est de nouveau en tournée pour quelques dates exceptionnelles ce ne sera pas uniquement pour y rejouer quelques classiques mais parce qu'il a quelque chose à annoncer et à présenter : un troisième album d'ores et déjà (!) annoncé pour... novembre 2019, soit quasiment dix ans après le précédent. Et Dieu sait quelle prophétie, ce mort-vivant perpétuel a encore patiemment mûri dans l'ombre.
Brendan Perry + TAT
Au Kao le mercredi 13 février