Mardi 18 juin 2019 Guillaume Barth expose à la Fondation Bullukian deux de ses projets singuliers, aux confins de l'art, de l'écologie et de la philosophie. Où le sel devient planète, et les arbres musiciens...
Sciences Humaines / Prestigieux invité de la Fête du Livre, l'anthropologue Philippe Descola tente dans ses travaux de dépasser l'opposition occidentale entre culture et nature. Un grand courant d'air frais pour les sciences humaines et pour la pensée tout court.
Normalien né en 1949, auteur d’une thèse dirigé par Claude Levi-Straus sur les relations des Jivaros Achuar d’Amazonie avec leur environnement, professeur au Collège de France, Philippe Descola est, chez les anthropologues, une véritable star ! Son ouvrage Par-delà nature et culture, publié en 2005, l’a fait connaître un peu au-delà de ce cercle. Comme son titre l’indique, le livre phare de Descola vise à dépasser la coupure occidentale classique entre la nature et la culture. « Où commence la culture et où s’arrête la nature lorsque je prends un repas, lorsque j’identifie un animal par son nom, ou lorsque je cherche les traces des constellations dans la voûte céleste ? » s’interroge, pince sans rire, l’anthropologue lors de sa Leçon inaugurale au Collège de France.
Ouvrir le club aux non humains
Avec la bonhomie et le sérieux d’un universitaire chevronné, Philippe Descola tente rien moins, dans ses recherches, que de faire exploser nos modes de pensée occidentaux et opère une véritable révolution en anthropologie. Selon lui, « L’analyse des interactions entre les habitants du monde ne peut plus se cantonner aux seules institutions régissant la société des hommes, ce club de producteurs de normes, de signes et de richesses, où les non humains ne sont admis qu’au titre d’accessoires pittoresques pour décorer le grand théâtre dont les détenteurs du langage monopolisent la scène. Bien des sociétés dites "primitives" nous invitent à un tel dépassement, elles qui n’ont jamais songé que les frontières de l’humanité s’arrêtaient aux portes de l’espèce humaine, elles qui n’hésitent pas à inviter dans le concert de leur vie sociale les plus modestes plantes, les plus insignifiants des animaux... »
Dans une approche méthodologique comparatiste, Descola tente de définir plusieurs grands schèmes organisant des continuités et des discontinuités entre les humains et les non-humains. Ce que cherche Descola en Amazonie, en Europe ou ailleurs, c’est, au fond, à s’étonner d’autres modes de pensée pour faire décoller le nôtre de ses habitudes. Cet étonnement qui est au cœur même de la philosophie et de la science.
Grand entretien avec Philippe Descola
À l'Hippodrome de Parilly (salle des Parieurs) le dimanche 10 mars à 15h30
Dans le cadre de la Fête du Livre de Bron
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