Oui, Transfer

Temples + Lebanon Hanover + Health + Johnny Mafia

Transbordeur

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Indie Rock / Pour sa troisième édition, le festival Transfer, qui prend désormais ses aises sur trois jours, continue de creuser le sens du mot "exigence" et l'intrépidité esthétique de la production indé. S'affirmant comme un événement de plus en plus enthousiasmant d'édition en édition. Sélection forcément subjective, mais pas que, des incontournables de l'événement.

Jacco Gardner

Avec Cabinet of Curiosities (2013), Jacco Gardner en avait éveillé pas mal, de curiosités. Un intérêt et un talent confirmés ensuite sur Hypnophobia (2015) qui avait achevé de placer le jeune homme sur le trône du psychédélisme rétro néerlandais – un concept en soi. Sur ce trône, Jacco aurait pû écraser quelques lauriers de son royal séant. Oh nee ! C'était mal le connaître. Car c'est en apesanteur et dans une veine rétro-futuriste – où le terme futuriste résonnerait plus fort – que nous est réapparu le koning de la pop prétendument vintage avec Somnium. Et en mode exclusivement instrumental – ce qui dans le domaine de la pop, fut-elle indé, équivaut à une forme de suicide dont les trompe-la-mort comme Gardner se rient allègrement. Un voyage fascinant dont il nous fait revivre la magie en concert avec un live en quadriphonie et en images spécialement conçu pour une expérience sensorielle en parfaite symbiose avec le dogme psychédélique et sa quête éperdue d'expérimentations.


Temples

Noël Gallagher, qui n'a pas le compliment facile, en avait fait un temps son groupe préféré. On imagine pourtant, lui qui était alors versé dans une quête effrénée de perfection psychédélique qui confinait à la balourdise, comme il devait être secrètement jaloux du talent insolent et des doigts de fées de James Bagshaw, grand prêtre de ce Temples. Lequel semblait, et semble toujours, en mesure et en un claquement de doigts, quel que soit l'instrument ou les possibilités d'arrangement qu'on lui met – qu'il se met, surtout – entre les mains, d'accomplir les plus belles prouesses mélodiques et harmoniques. Sautillant ainsi allègrement sur les plate-bandes des plus grands maîtres 60's de l'art pop, lysergique ou pas d'ailleurs. L'époustouflant Sun Structures (2014), qui se bâfrait de cordes, et l'étonnant Volcano (2017), qui opérait un virage synthétique, le prouvèrent d'une manière éclatante. Leur successeur étant attendu comme l'astre solaire au-dessus d'un temple Inca, il sera peut-être temps d'en découvrir les contours scintillants lors de la prestation de Temples à Transfer.


Beak>

Dans la sphère indé, ceux qui semblent accorder le moins d'importance et même d'intérêt à Beak>, formation de Bristol fomentée il y a une décennie par le sorcier de Portishead Geoff Barrow, ce sont encore les membres de Beak> eux-mêmes. Lesquels n'ont jamais vu dans ce projet autre chose qu'une récréation, un laboratoire d'expérimentation et au fond un joli foutoir où se défouler, eux qui ne cessaient à longueur d'interview d'en minorer l'intérêt et l'importance, s'agaçant presque qu'on les contredise. Ce fut pourtant fait par un certain public – dont une partie idolâtrait Barrow pour le travail commis au sein de Portishead, parfois porté comme une malédiction – qui s'amouracha à raison de ce krautrock – disons ça comme ça – cultivant l'art du bancal, de la dissonance et du faussement inachevé. Au point que Beak> a bien dû finir par se prendre au sérieux et, sans abandonner sa posture de maverick, livrer des disques de plus en plus denses qui en font désormais un groupe important, charriant malgré-lui un culte certain. Et de ses passages en concert, de petits événements.


Marble Arch

Si son nom évoque un emblématique monument londonien et sa musique rappelle, dans un tout autre genre, non architectural celui-là, quelques emblématiques monuments tout aussi britanniques, qu'on ne s'y trompe pas. Marble Arch est bien français, monsieur. Derrière ce nom se cache en effet un orfèvre du shoegazing et de la dream pop bien de chez nous, Yann Le Razavet, qui avait frappé les esprits avec The Bloom of division en 2014. The Children of Slump, son successeur, s'apprête à déployer des ailes qu'on ne lui soupçonnait pas et qui transcendent, dans une production plus exigeante, les genres précités. À suivre.


Raoul Vignal

Dans cette programmation, dont une belle proportion appuie sur le ressort d'une nostalgie parfois inconsciente, on ne pouvait pas ne pas citer le régional de l'étape Raoul Vignal, l'un des talents folk les plus discrètement incandescents du paysage. Car l'an dernier, l'auteur du sublime et très drakien The Silver Veil (2017), nous est revenu, après une cascade de concerts à fleur de peau, avec un non moins splendide Oak Leaf où sa sensibilité, son art du finger picking et ses arrangements comme saupoudrés de poussière d'étoile – et ici enrichis de quelques fantaisies – font une fois de plus merveille. Il n'est que justice que Vignal soit à l'affiche d'un tel festival.

Festival Transfer
À l'Épicerie Moderne et au Transbordeur les jeudi 7, vendredi 8 et samedi 9 mars

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