Cap à l'Est

Lyon Bière Festival / Avec la volonté de « marquer les esprits et ancrer l’événement sur le plan national et européen », la quatrième édition du Lyon Bière Festival se veut pleine de surprises. À commencer par la mise à l’honneur de quelques territoires brassicoles d’Europe Centrale, étonnants et en plein essor.

« C’est une édition tout terrain, hors norme » prévient Nicolas Dumortier, co-fondateur du site de vente en ligne Bieronomy.com spécialisé en bières craft et co-organisateur et programmateur du Lyon Bière Festival. Et inattendue. En témoignent les brasseries tchèques, roumaines, polonaises et slovènes représentées. Parce que, et nous imaginons déjà les déçus, la culture de la bière européenne ne se limite pas à la Belgique, l’Allemagne ou encore l’Angleterre. Quoique, pour la Belgique, les doutes sont permis. Bref. Les pays de l’Est proposent des mousses contemporaines, acides, houblonnées, aromatiques, canons.

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« Ce sont des bières qu’on n’attend pas forcément en France mais qui méritent d’être connues et reconnues. Elles ont beaucoup souffert et souffrent encore aujourd’hui d’une image négative, à tort, leurs recettes étant souvent très qualitatives et ultra-abouties tout en ayant un prix compétitif et un design de plus en plus réfléchi, comme les bières en canette roumaines, par exemple » poursuit Nicolas Dumortier. L’une des raisons de la méconnaissance de ce type de bières ? « Probablement le prix », analyse Thomas Barbera, blogueur bière et tout jeune créateur de Drapeau Rouge, micro-brasserie ouverte à Montpellier en avril. « Dans les pays où il y a une tradition brassicole forte, comme l’Allemagne ou la République Tchèque par exemple, les bières industrielles sont déjà de bonne qualité, et leur prix est bas. Les petits artisans doivent donc justifier le fait d’avoir des bières deux fois plus chères, ce qui n’est pas facile et explique probablement qu’on en entende moins parler. Malheureusement. »

À l’origine, la blonde

La République Tchèque a une très longue tradition brassicole. Elle est d’ailleurs le pays le plus grand consommateur de bière par habitant et a permis – information de la plus haute importance – la création de la blonde. Il y a 180 ans, un chimiste bavarois – le maître brasseur Josef Groll – a été convoqué à Plzeñ pour subvenir aux besoins de production. La fermentation basse a été utilisée pour aboutir à la Pilsner Urquell, la fameuse bière blonde, légère, savoureuse et limpide que l’on retrouve absolument partout. « Que vous buviez une blonde au Congo, au Chili ou en République Tchèque, elle contiendra forcément du malt et du houblon tchèque » explique Yan Vondra, de la société Pivo, importateur de bières artisanales tchèques (pivo.fr). À l’époque, à Plzeñ, seule la bière avec levure de fermentation haute était brassée, entraînant une qualité et une durée de vie faibles. « La spécificité des bières tchèques réside dans la basse fermentation et le brassage par décoction » explique Yan Vondra, franco-tchèque. La décoction est une technique permettant d’accentuer les arômes maltés de la mousse. Elle donnera une bière de corps avec un petit goût de caramel dont vous nous direz des nouvelles si le cœur vous en dit.

Il existe 477 brasseries artisanales en République Tchèque (181 mini-brasseries, 46 industrielles, 250 brewpub). La demande locale est si forte que les brasseurs n’ont pas besoin de les exporter. « C’est un luxe, une chance de pouvoir les obtenir à l’étranger, et notamment sur le Lyon Bière Festival. Depuis 2015, j'importe en France des bières d’exception, héritières de la longue tradition brassicole de la Bohême, aux secrets jalousement gardés par les Tchèques, mais ardemment défendues par une nouvelle génération de brasseurs » assure Yan Vondra, qui recommande de ne pas passer à côté de (entre autres) la Sour Zichovec (fruit de la passion-goyave ou mangue-framboise), la Lollihop Sibeeria, ou encore la Double Idiot IPA signée Falkon.

« Les bières tchèques sont des bières faciles à boire. Le côté "buvabilité" est vraiment très prégnant dans le pays. On dit que pour qu’une bière soit bonne, il faut que le client puisse en boire dix. Mais ce sont aussi des bières de goût. Les Tchèques ne jurent que par les bières de goût ! Même leur lager de base est 100% maltée » note Thomas Barbera. « Encore peu connues en France et distribuées de manière quasi-confidentielle, je suis sûr que les Permon, Sibeeria, Falkon, Zichovec, Matuska, Cerny Potoka ou encore Chroust ont toute leur place sur le marché français » soutient Yan Pivo.

Du côté de la Roumanie, la Pologne et la Slovénie, « il n’y a pas de profil particulier de bières » explique Thomas Pourcel, importateur et distributeur de mousses, notamment roumaines, polonaises et slovènes. Ce qui l’anime ? « Faire découvrir des produits inédits issus de pays boudés ou qu’on regarde de loin », comme les Hop Hooligans, Artezan ou encore Lobik. « Ces brasseries s’émancipent, expérimentent beaucoup pour proposer des bières modernes qui ont du style ». Et pas un style en particulier. Du style en général. Vous doutez ? Filez goûter. Et vous nous en direz des nouvelles aussi, si le cœur vous en dit toujours.

Lyon Bière Festival
À La Sucrière le samedi 27 et le dimanche 28 avril

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