Y-a-t-il meilleur filon que le réel pour les cinéastes en quête d'un sujet solide ? Parce qu'elle se revendique en prise directe avec ledit réel — ce qui ne l'empêche pas d'être écrite ni scénarisée — et affirme des regards singuliers, la veine documentaire est souvent privilégiée pour réfléchir le passé comme le présent. Mieux : elle rassemble en salles un public régulier, demandeur d'échanges. Au Ciné-Toboggan, le festival Les Écrans du Doc cultive cette intelligence du regard et de la parole à travers une petite semaine où chaque jour correspond à une thématique développée en deux films — récents lorsqu'ils ne sont pas inédits.
Après une ouverture centrée sur “écrire et filmer le réel“ avec L'Époque de Matthieu Bareyre et le discutable Depuis Mediapart de Naruna Kaplan de Macedo, c'est “l'écologie, regard sur le monde“ qui est observée à travers L'Illusion verte de l'Autrichien Werner Broote et Le Grain et l'Ivraie de l'Argentin Fernando Solanas — histoire de changer de paradigme et de référent géographique. Avec Dans la terrible jungle d'Ombline Ley & Caroline Capelle et Le Cercle des Petits Philosophes de Cécile Denjean, on ira “Vers une pédagogie de la créativité“, avant de plonger dans les brûlures de l'Histoire du Chili en Italie dans Santiago, Italia de Nanni Moretti et de l'Espagne en Argentine pour Le Silence des autres d'Almudena Carracedo et Robert Bahar (programme “La justice contre l'oubli“).
Deux manières de mettre les “Corps en mouvements“ s'offriront au public : à l'aune d'une vie dans Maguy Marin, l'urgence d'agir de David Mambouch (en présence de la chorégraphe) ou sous forme d'une transe dans Le Grand Bal de Laetitia Carton. Enfin, parce que le fond de l'air gronde, “Luttes d'hier et d'aujourd'hui“ mettra en miroir le Mai-68 des Révoltés de Jacques Kebadian & Michel Andrieu au décembre 2018 de J'veux du soleil des gilets jaunes capté par Gilles Perret & François Ruffin en présence du premier. Ça va causer sec.
Les Écrans du Doc
Au Ciné-Toboggan (Décines) jusqu'au 24 mars