[Moment vieux con] Aux jeunes publics qui pensent que Freddie Mercury et Queen ont tout inventé avec Bohemian Rhapsody, on recommande chaudement d'aller faire un tour à l'Institut Lumière pour découvrir en grand Phantom of the Paradise (1974) pour tant de raisons que cette page n'y suffirait pas. Essayons tout de même. Il s'agit d'abord d'une relecture-réactualisation du classique Fantôme de l'Opéra de Gaston Leroux — déjà porté à l'écran avec Lon Chaney —, mâtinée de références au Faust de Gœthe comme à l'indispensable figure matricielle du cinéma de Brian De Palma, Alfred Hitchcock. S'il reçoit un très mérité Grand Prix au festival d'Avoriaz en 1975, c'est en tant que comédie musicale rock innovante qu'il marque autant les yeux et les oreilles, s'inscrivant automatiquement comme un marqueur de son temps et un classique du 7e art. Paul Williams, qui compose en sus le méphistophélique Swan, signe une bande-originale magistrale, enchaînement de tubes pop-rock, du diabolique The Hell of it à la déchirante ballade Old Souls interprété par la mélancolique Jessica Harper (qui prête ses traits à la belle Phœnix et sa voix encore, notamment à Special to Me).
De Palma fait de ce conte tragique un feu d'artifice électrique, à l'image surcomposée grâce au montage réinventant le live musical et le split-screen. L'influence du Phantom n'a cessé de croître avec les années, et sa présentation par le cinéaste constituera l'un des temps forts de la rétrospective actuellement consacrée à l'immense Brian rue du Premier-Film et l'une des séances les plus courues de l'édition 2019 de Quais du Polar (avec la masterclass donnée par le réalisateur au Théâtre des Célestins dans la journée). En attendant que sorte son prochain film, Domino, vous pourrez toujours lire le polar qu'il a coécrit avec son épouse Susan Lehman, Les serpents sont-ils nécessaires ? Pas besoin de vendre votre âme au diable pour cela...
Phantom of the Paradise, en présence de Brian de Palma
À l'Institut Lumière le vendredi 29 mars à 20h